Depuis deux semaines, Javier Milei est au pouvoir en Argentine. Ce populiste libertaire a séduit les électeurs, suscité des réactions au niveau international. Il veut, en tant que président, bouleverser l'économie argentine avec plus de 300 mesures. Selon lui, les entreprises publiques doivent être privatisées, le droit du travail affaibli et les portes grandes ouvertes aux investisseurs étrangers. Javier Milei avait déjà dévalué la monnaie nationale, le peso argentin, de plus de 50%.
Il a présenté un grand paquet de mesures au peuple mercredi dernier. Des milliers d'Argentins ont ensuite envahi les rues de la capitale Buenos Aires pour protester contre celles-ci. Pour manifester leur mécontentement, les protestataires ont frappé sur des casseroles et des poêles. En réaction, le gouvernement argentin a menacé les manifestants d'amendes et d'annulation de leur sécurité sociale.
Du simple au double
Avant l'élection de Milei le 19 novembre, l'Argentine souffrait déjà du troisième taux d'inflation le plus élevé au monde. Au lieu de résoudre le problème de l'inflation, le nouveau président la pousse à des hauteurs insoupçonnées. Les entreprises et les ménages en souffrent tout autant. «Depuis que Milei a gagné les élections, nous sommes constamment inquiets», déclare Fernando Gonzàlez Galli, professeur de philosophie à Buenos Aires, la capitale argentine, au «New York Times».
Fernando Gonzàlez Galli essaie de dépenser ses pesos le plus rapidement possible – avant qu'ils ne valent encore moins. «Dès que je reçois mon salaire, j'achète tout ce que je peux», dit-il. Pour ce père de deux enfants, les couches coûtent déjà deux fois plus cher qu'en novembre.
Pampers et autres ne sont toutefois pas les seuls produits dont les prix ne cessent d'augmenter depuis le début du mois. Les produits importés, comme le café ou les appareils électriques, ont fortement augmenté en raison de la faiblesse du peso. Le prix de l'essence a grimpé de près de deux tiers. «Il est impossible que nos salaires s'adaptent aussi rapidement», explique Nahuel Carbajo, 37 ans, propriétaire d'un bar à vin à Buenos Aires. Pour ses steaks, il paie désormais 73% de plus à l'achat. Les courgettes sont même devenues 2,5 fois plus chères.
L'inflation fait partie du plan de Milei
Pour Javier Milei, l'accélération de l'inflation fait partie du plan. Dès son arrivée, il a prévenu qu'il serait d'abord difficile de réduire la taille de l'État et de restructurer l'économie. «Je préfère vous dire une vérité désagréable plutôt qu'un mensonge agréable», a-t-il déclaré le 10 décembre lors de sa prestation de serment.
Comme l'indique le gouvernement, d'autres mois de forte inflation devraient suivre. Au total, selon les chiffres officiels, elle a augmenté de 13% en novembre. Les analystes s'attendent à ce que les prix augmentent encore de 30% cent ce mois-ci. Selon certains experts, les biens de consommation courante devraient même être 80% plus chers qu'en décembre d'ici février.