Il veut purger son pays
Voici les six idées les plus radicales de la «perruque», le nouveau président argentin

Javier Milei a été élu dimanche à la présidence de l'Argentine avec un score sans appel obtenu notamment grâce à des propositions censées transformer son pays, ravagé selon lui par la gauche. Voici ses six idées les plus radicales.
Publié: 21.11.2023 à 17:31 heures
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Dernière mise à jour: 21.11.2023 à 17:46 heures
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Les qualificatifs ne manquent pas pour désigner le nouveau président argentin Javier Milei: l'«anarcho-capitaliste» ou... la «perruque»!
Photo: Getty Images
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Guido Felder

La «perruque», l'«anarcho-capitaliste» voire «l'homme à la tronçonneuse»... les qualificatifs ne manquent pas pour désigner le nouveau président argentin Javier Milei, qui a remporté le week-end dernier le second tour des élections face au ministre de l'Economie sortant Sergio Massa.

Cette victoire représente un tournant pour l'Argentine, où la gauche s'est maintenue au pouvoir depuis plus de 20 ans, où l'Etat intervient massivement dans l'économie, où les services publics sont fortement subventionnés et où, dans de nombreuses provinces, le secteur public emploie plus de travailleurs que le secteur privé.

«Aujourd'hui commence la reconstruction de l'Argentine», a ainsi lâché Javier Milei après son élection. L'homme est – comme le suggèrent ses surnoms – un ovni dans le paysage politique. Un ovni aux idées quelque peu... radicales. En voici six:

1

Supprimer dix ministères

Javier Milei ne croit pas vraiment aux institutions publiques. Raison pour laquelle le nouveau président de la République veut purger massivement l'administration et la débarrasser de la corruption. Pour cela, il veut supprimer 10 des 18 ministères actuels, notamment ceux touchant à l'environnement, la science, la culture, le développement, les transports et le sport.

2

Autoriser le trafic d'organes

Le terme «trafic d'organes» est scrupuleusement évité. Pourtant, Javier Milei évoque «plus de 350'000 donneurs, 7500 personnes en attente d'une transplantation» et propose de trouver des «mécanismes de marché» pour endiguer ce problème.

3

«Faire sauter» la banque centrale

Pour Javier Milei, la grande responsable de la hausse de l'inflation et de la chute du peso est toute trouvée: la banque centrale, créée en 1935. Le nouveau président argentin veut donc la «faire sauter». Littéralement: «Elle a été le début de l'une des plus grandes escroqueries de l'histoire de notre pays», affirme Javier Milei.

4

Réintroduire le dollar américain

Pour mettre fin à la dévaluation du peso et à l'inflation massive de 115%, Javier Milei veut remplacer la monnaie nationale par le dollar américain. Avec cette «dollarisation», le nouveau président argentin relance l'idée d'un arrimage du peso au dollar, initiée dans les années 1990 et qui avait permis à l'Argentine de connaître une certaine prospérité économique pendant quelques années.

5

Privatiser l'éducation

Javier Milei propose de subventionner l'éducation grâce à des bons scolaires qui permettraient de choisir entre les écoles publiques et privées. De cette façon, il veut booster la concurrence entre les établissements, pas assez encouragée selon lui.

6

Protéger l'environnement, un problème de socialistes?

Javier Milei veut certes promouvoir les nouvelles énergies comme le solaire, l'éolien et l'hydrogène. En revanche, les lois de protection de l'environnement, très peu pour lui! «Le réchauffement climatique est un autre mensonge des socialistes», selon lui.

Bon... Mais toutes ces idées peuvent-elles se concrétiser?

Susanne Käss, directrice du bureau argentin à l'étranger de la Konrad-Adenauer-Stiftung, laboratoire d'idées allemand associé à l'Union chrétienne-démocrate, dresse un bilan post-électoral: «Sa victoire montre clairement que la nette majorité des Argentins a rejeté la corruption institutionnalisée et le népotisme de l'ère Kirchner, acceptant pour cela le risque d'un avenir très incertain.»

La capacité de Javier Milei à imposer son programme dépendra maintenant de sa capacité de négociation et d'alliance. Son parti, La Libertad Avanza («La liberté avance"), ne dispose que de 38 députés sur 257 et de 7 sénateurs sur 72. Tout porte à croire que Javier Milei intègrera donc dans son cabinet des personnalités du centre-droit – qui l'ont en partie soutenu – afin de créer une sorte de gouvernement de coalition.

Dans le cas de ce gouvernement de coalition, il faut toutefois s'attendre à ce que les penchants ultraconservateurs de Javier Milei soient relégués: «Javier Milei, qui s'est montré nettement plus modéré ces derniers mois, devra faire preuve de modération pour pouvoir imposer ses idées dans tout ce système démocratique» prévient Susanne Käss.

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