40 à 70% de mortalité
Écoles et bureaux fermés dans le sud de l'Inde à cause du virus Nipah

A la suite du décès de deux personnes dues au virus Nipah, des écoles et des bureaux ont été fermés dans l'Etat du Kerala, dans le sud de l'Inde. Les autorités ont annoncé vendredi qu'une infection par l'agent pathogène avait été confirmée chez quatre autres personnes.
Publié: 15.09.2023 à 13:42 heures
Le virus Nipah a déjà fait deux morts dans le sud de l'Inde.
Photo: AFP

Les autorités indiennes ont annoncé cette semaine qu'elles s'efforçaient de contenir une épidémie de Nipah, un virus rare transmis des animaux aux humains et qui provoque notamment une forte fièvre avec un taux de mortalité élevé.

Plusieurs centaines de personnes de contact ont également été testées pour le virus, les résultats sont encore attendus, a-t-on ajouté. La ministre de la Santé du Kerala, Veena George, a déclaré à la chaîne de télévision locale NDTV que l'on cherchait activement des cas.

Cette dernière épidémie de Nipah représente la quatrième vague au Kerala en cinq ans. Le virus a tué 17 personnes lors d'une première apparition en 2018.

Virus potentiellement mortel

Le chef du gouvernement du Kerala, Pinarayi Vijayan, a demandé à la population d'éviter pour le moment les rassemblements publics dans le district de Kozhikode. Le district a notamment connu une importante épidémie de Nipah en 2018, qui a fait 21 morts. Des épidémies de Nipah se sont aussi produites à Singapour et en Malaisie.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus peut être transmis à l'homme par des animaux comme les roussettes ou les porcs, mais aussi par de la nourriture contaminée ou directement entre les personnes.

Une infection peut donc rester asymptomatique, mais aussi entraîner des troubles respiratoires aigus et des inflammations cérébrales potentiellement mortelles. Selon les estimations, 40 à 75% des personnes atteintes meurent. Il n'existe pas encore de médicament ou de vaccin contre le virus.

Historique de la maladie

La première épidémie de Nipah a été enregistrée en 1998 après que le virus s'est répandu parmi les éleveurs de porcs en Malaisie. Le virus porte le nom du village de ce pays d'asie du Sud-Est où il a été découvert.

Les épidémies de ce virus sont rares, mais Nipah a été répertorié par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) – aux côtés d'Ebola, Zika et Covid-19 – comme l'une des nombreuses maladies méritant une recherche prioritaire en raison de leur potentiel à provoquer une épidémie mondiale. Nipah se transmet généralement aux humains par les animaux ou par des aliments contaminés, mais il peut également se transmettre directement entre humains.

Les symptômes comprennent une fièvre intense, des vomissements et une infection respiratoire, mais les cas graves peuvent se caractériser par des convulsions et une inflammation cérébrale entraînant un coma. Il n'existe pas de vaccin contre le virus Nipah.

Un million de porcs abattus

La première épidémie de Nipah a tué plus de 100 personnes en Malaisie et entraîné l'abattage d'un million de porcs dans le but de contenir le virus. Elle s'est également propagée à Singapour, avec 11 cas et un décès parmi les travailleurs des abattoirs entrés en contact avec des porcs importés de Malaisie.

Depuis lors, la maladie a été principalement signalée au Bangladesh et en Inde, ces deux pays enregistrant leurs premières épidémies en 2001. Le Bangladesh a été le plus durement touché ces dernières années, avec plus de 100 personnes décédées du Nipah depuis 2001. Deux épidémies en Inde ont tué plus de 50 personnes avant d'être placées sous contrôle.

A cause de notre mode de vie

Apparues il y a des milliers d'années, les zoonoses – maladies transmissibles des animaux aux humains – se sont multipliées au cours des 20 à 30 dernières années. Le développement des voyages internationaux leur a permis de se propager plus rapidement.

En occupant des zones de plus en plus larges sur la planète, les humains contribuent également à la perturbation des écosystèmes et augmentent la probabilité de mutations virales aléatoires transmissibles aux humains, soulignent les experts.

L'agriculture industrielle augmente le risque de propagation d'agents pathogènes entre animaux tandis que la déforestation augmente les contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les humains.

1,7 million de virus encore inconnus

En se mélangeant davantage, les espèces transmettront davantage leurs virus, ce qui favorisera l'émergence de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l'homme. Le changement climatique va pousser de nombreux animaux à fuir leurs écosystèmes vers des terres plus habitables, prévenait une étude publiée par la revue scientifique Nature en 2022.

Selon les estimations publiées dans la revue Science en 2018, il existerait 1,7 million de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux, dont 540'000 à 850'000 auraient la capacité d'infecter les humains.

(AFP/ATS)

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