«Notre devoir est de nous préparer à tous les scénarios. Rien ne doit être exclu» – avec cette rhétorique martiale, le président français Emmanuel Macron a provoqué fin février des froncements de sourcils, voire la colère de ses alliés.
Macron a ouvertement discuté de l'envoi de «troupes au sol» en Ukraine, ce qui a incité le journal français «Le Figaro» à examiner samedi les scénarios possibles pour une participation de la France au conflit. Au total, cinq scénarios sont présentés – et «trois questions se posent», selon le quotidien français: «Que dira le président quand les cercueils arriveront en France? La France sera-t-elle prête à réagir à la mort de ses soldats? Les Etats-Unis accepteront-ils que les Français partent seuls au combat?»
«Le Figaro» rappelle que les déclarations de Macron ont suscité la «colère» des alliés. «Aucun soldat européen ou de l'OTAN ne sera envoyé», avait répondu le chancelier allemand Olaf Scholz. Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini a accusé Emmanuel Macron de représenter un danger pour l'Italie et l'Europe avec ses déclarations «dangereuses, exagérées et déséquilibrées».
De l'air chaud ?
«Il est clair que l'Ukraine souffre», a reconnu le secrétaire d'Etat américain Lloyd Austin. «L'aide américaine est attendue depuis longtemps et les munitions commencent à s'épuiser. La survie de l'Ukraine est en danger.»
Mais comme le montre l'analyse des journalistes français, les paroles de Macron doivent être prises avec précaution. Si Paris envoyait effectivement des troupes, le président devrait en informer le Parlement «au plus tard trois jours après le début de l'intervention», peut-on lire. Et si l'opération venait à durer plus de quatre mois, les députés devraient, selon la Constitution, voter sur sa prolongation. Or, selon des sondages d'opinion, les trois quarts de la population seraient opposés à l'envoi de troupes.
Cinq scénarios
«Le Figaro» évoque ensuite cinq scénarios. Des options qui seront toutes qualifiées d'irréalistes en conclusion.
Scénario 1: la France construit des usines d'armement en Ukraine.
Scénario 2: la France forme des troupes en Ukraine.
Scénario 3: la France se concentre sur la défense d'Odessa. Ceci afin d'éviter une forte hausse des prix des céréales et une extension du conflit à la Moldavie.
Scénario 4: Les troupes françaises mettent en place des zones de protection tampon.
Scénario 5: Des unités de combat françaises rejoignent les unités ukrainiennes et participent à un «affrontement dans les tranchées», selon les termes du «Figaro».
Pour le journal, ce dernier scénario, dans lequel les troupes françaises combattent l'armée russe, est le plus improbable. «Cela équivaut à une déclaration de guerre à la Russie», explique ainsi un expert.
Un défi logistique sans précédent
A ce sujet, le général François Chauvancy, expert militaire français, déclare: «Paris ne pourrait déployer que 20'000 soldats en 30 jours. C'est une goutte d'eau dans l'océan, comparé aux contingents russes et ukrainiens. De plus, cela représenterait un énorme défi logistique pour Paris. Sans compter que la France ne pourrait pas fournir suffisamment de munitions et d'équipements dans le cadre d'un tel déploiement de troupes.