C’est fini. Ou presque. A en juger par les propos des principaux responsables du pari socialiste envers Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise (LFI), la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) se conjugue déjà au passé.
Cette semaine, le bureau national du PS français a ni plus ni moins tiré la prise qui le reliait à cette alliance électorale, en votant un «moratoire». Et ce malgré le fait qu’il lui doit largement sa survie.
Sans l’intégration à la NUPES, aux côtés de LFI et de Europe-Ecologie-Les Verts (rebaptisés récemment Les Écologistes), le PS moribond après le résultat désastreux de sa candidate Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7% des voix) n’aurait jamais obtenu ses 27 députés à l’Assemblée nationale. Sauf que l’assaut du Hamas est passé par là. Et que le refus de LFI et des Mélenchonistes de qualifier le groupe palestinien de «terroriste» est devenu intenable…
Ségolène Royal aux commandes?
Le conflit, il est vrai, couvait depuis des mois. Il était même programmé pour exploser à l’approche des élections européennes du 9 juin 2024, pour lesquelles ni le PS, ni Les Écologistes n’ont accepté la main tendue de Jean-Luc Mélenchon. Malgré la forte envie d’union des électeurs de gauche français, les attaques incessantes du leader de LFI contre Bruxelles, contre l’Union européenne et contre l’Allemagne ont distendu les liens.
Réalité électorale aussi: la proportionnelle intégrale en vigueur pour les élections au parlement de Strasbourg permet plus facilement au PS et aux Verts d’espérer des sièges, ce qui avait été le cas en 2019. Avec 13,5%, Europe-Ecologie-Les Verts avait même devancé la France Insoumise et le PS qui firent quasiment jeu égal (6,3% contre 6,1%). Inutile donc, sur cette base, de se plier sous les fourches caudines de LFI.
Seule l’ex-candidate PS à la présidentielle de 2007 Ségolène Royal défend l’idée d’Union, s’affirmant prête à prendre la tête d’une liste pour les européennes. Sans faire jusque-là beaucoup d’émules.
Le cas du Parti communiste
Le Hamas est-il plus fort que les désaccords domestiques illustrés par le refus du parti communiste de s’allier à LFI, et ce, depuis la présidentielle de 2022? La vérité est que l’étoile de Jean-Luc Mélenchon a pâli ces derniers mois, et que son entêtement sur la Palestine en est l’ultime conséquence.
Malgré ses 72 ans, le leader de la France Insoumise refuse toujours d’adouber un successeur au sein de son mouvement, laissant entendre qu’il pourrait de nouveau être candidat à l’Élysée si un scrutin anticipé avait lieu avant l’échéance prévue de 2027.
Autre grief: le spectacle chaotique donné par les députés LFI durant les débats parlementaires sur la réforme des retraites, finalement entrée en vigueur en septembre. L’écart entre les forces de la gauche française est devenu intenable. A moins qu’une révolution interne intervienne: «On a l’impression qu’il y a LFI d’un côté, et Jean-Luc Mélenchon de l’autre. Il faut clarifier qui dirige la France insoumise et qui s’exprime en son nom» a averti l’un des derniers caciques du PS, le maire d’Issoudun (Indre) André Laignel.
Écartelée façon puzzle
Les critiques les plus virulentes portent sur un trio: la cheffe du groupe Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, et les élus Danièle Obono et Louis Boyard: «Trop longtemps que la France ferme les yeux sur la colonisation et les exactions en Palestine. Trop longtemps que la France renvoie dos à dos la violence de l’État israélien et celle de groupes armés palestiniens» a scandé ce dernier dans l’hémicycle, ouvrant la polémique sur l’antisémitisme au sein de la gauche radicale.
La NUPES promettait d’unir la gauche. Deux ans après sa création, elle apparaît écartelée. Façon puzzle.