Volodymyr Zelensky a frappé avant d’atterrir à Vilnius (Lituanie) ce mardi soir. «Il semble qu’il n’y ait aucune volonté ni de donner à l’Ukraine une invitation à l’OTAN, ni d’en faire un membre de l’Alliance», a déclaré le président ukrainien sur Twitter. Et d’ajouter: «C'est absurde. L’indécision est une faiblesse.»
Le message est clair: si, comme ils l’affirment, les alliés veulent vraiment aider l’Ukraine à remporter cette guerre déclenchée par la Russie, ils doivent conformer leurs actes à leurs paroles. Une colère dirigée contre un premier projet de communiqué du sommet ainsi libellé: «Nous serons en mesure d’adresser une invitation à l’Ukraine lorsque les alliés seront d’accord et que les conditions seront remplies.» Beaucoup trop vague pour Kiev.
Une frappe attendue
Cette frappe médiatique et politique de Volodymyr Zelensky était attendue. Le chef de l’État ukrainien sait qu’il ne repartira pas de la capitale lituanienne, où il doit participer mardi soir à un conseil OTAN-Ukraine, avec une intégration de son pays à l'Alliance et prononcer un discours public sur l'une des principales places de la ville. Il sait aussi qu’il doit exploiter au mieux, et tout de suite, la brèche ouverte par Joe Biden. Le président américain a annoncé le 7 juillet la livraison de bombes à sous-munitions à l’armée ukrainienne, juste avant le sommet de l’Alliance Atlantique.
Objectif évoqué? Permettre à l'Ukraine de déminer les zones de front, où sa contre-offensive patine, en pilonnant le terrain avec ces obus à charges multiples. Des armes prohibées par la convention internationale de 2008, que les États-Unis, la Russie et la Chine n’ont pas signé. Les forces Russes les ont déjà utilisées à plusieurs reprises.
Pourquoi une brèche? Parce que l’appui à la contre-offensive ukrainienne doit être le plus massif possible pour réussir. Tous les experts l’admettent à Vilnius. Résultat: Emmanuel Macron a embrayé le pas au locataire de la Maison-Blanche. En pole position, comme il l'avait fait en indiquant début janvier, l'envoi de chars légers AMX-10, débloquant ensuite la fourniture de tanks lourds. La France livrera bientôt des missiles de longue portée «Scalp» à l’Ukraine. Combien? Ce n'est pas précisé. «Ils permettront des frappes en profondeur», a juste confirmé le président français.
Autre mobilisation: l’annonce par l’Allemagne du déblocage prochain de 700 millions d’euros d’armes. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), il faut le redire, ne livre pas d’armement. Chacun de ses 31 États-membres décide unilatéralement ses livraisons, et l’Union européenne en rembourse une partie avec sa «facilité de paix».
Que va exiger Volodymyr Zelensky à Vilnius? Selon des diplomates, celui-ci a un objectif en tête: obtenir, outre des garanties de sécurité, des assurances sur la livraison rapide d’avions F16. «Il ne peut pas repartir bredouille sur le plan aérien», précise un ambassadeur d’un pays allié. Point significatif: Joe Biden a promis de faire avancer le transfert d’avions de combat F-16 à la Turquie en consultation avec le Congrès, suite à la levée du véto turc à l’entrée de la Suède dans l’Otan. Il pourrait s’agir d’un mouvement de dominos. Turquie, puis Ukraine. La République tchèque vient d’ailleurs d’annoncer la livraison à Kiev d’un simulateur pour la formation des pilotes de F-16.
Une dizaine d’hélicoptères polonais
Le quotidien américain «Wall Street Journal» a pour sa part révélé qu’une dizaine d’hélicoptères polonais de combat ont été envoyés secrètement à l’Ukraine. Il s’agirait de Mi-24B et Mi-24D, de fabrication russe, déjà en service dans l’armée de l’air ukrainienne. Le MI-24 est un appareil d’appui à l’infanterie. La République tchèque a aussi confirmé la fourniture prochaine d’hélicoptères d’attaque et de 100'000 pièces de munitions de gros calibre à l’Ukraine. Le MI-24 fut l’un des symboles de la guerre russe en Afghanistan. Pas sûr que ce soit un bon présage.