Les 31 pays membres de l’OTAN n’ont encore jamais vu un sommet comme celui-ci: la mise en scène de la réunion de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord dans la capitale lituanienne Vilnius pourrait difficilement être plus grandiose et impressionnante. Une guerre fait rage non loin du lieu de la rencontre. Et les parages de l’OTAN eux-mêmes sont également en ébullition: la Turquie a bloqué pendant des mois les Suédois désireux d’adhérer, jusqu’à ce que l’accord d’Erdogan survienne la veille du sommet. Et l’Ukraine supplie en vain pour obtenir le feu vert à l’adhésion. Que fait enfin Viktor Orbán, qui continue de ménager Poutine?
Que fait l’OTAN au juste?
Depuis 1949, l’alliance de défense garantit la sécurité à ses membres. Si l’un des 31 pays membres est attaqué, les autres nations de l’OTAN se précipitent automatiquement à son secours. C’est ce que prévoit l’article 5 du traité de l’OTAN. L’adhésion de la superpuissance militaire américaine est pratiquement une garantie que l’OTAN ne peut pas perdre une guerre.
Seuls les Etats européens peuvent devenir membres (le Canada et les Etats-Unis font exception). Ils doivent consacrer au moins 2% de leur budget national à la défense, ce que seule une minorité fait toutefois.
Quel est l’agenda de Vilnius?
Au-dessus de tout, il y a la question de savoir si l’Ukraine obtiendra le feu vert pour une future adhésion à l’OTAN. Une décision d’adhésion immédiate est, de fait, exclue. Des voix politiques aux Etats-Unis et surtout en Hongrie sont même d’avis qu’il faut claquer une fois pour toutes la porte de l’OTAN au nez de l’Ukraine. Selon ces experts, l’OTAN ne peut pas se permettre de défier la Russie de la sorte et de provoquer ainsi une guerre entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde (la Russie et les Etats-Unis).
Le deuxième grand sujet devait être l’adhésion de la Suède, bloquée par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Soulagement: tout cela est réglé. Lors d’une rencontre avec le chef du gouvernement suédois Ulf Kristersson, le président turc a accepté de soumettre le protocole d’adhésion au parlement turc dès que possible, a déclaré lundi soir le chef de l’OTAN Jens Stoltenberg.
Quels sont les scénarios pour l’Ukraine?
On pourrait imaginer que l’OTAN donne à l’Ukraine des garanties de sécurité, comme c’est le cas entre les Etats-Unis et Israël. Les Etats-Unis ont promis à l’Etat hébreu qu’il aura toujours «une longueur d’avance» sur le plan militaire. En livrant régulièrement des armes modernes, l’OTAN pourrait mettre l’Ukraine dans une situation similaire.
Il ne faut pas oublier qu’une adhésion ukrainienne serait également dans l’intérêt de l’OTAN, explique à Blick Kotryna Jukneviciute, experte en défense auprès du think tank militaire américain Rand Corporation. «Aucun pays de l’OTAN ne comprend aussi bien l’armée russe, mais aussi la culture russe, que l’Ukraine. L’OTAN pourrait extrêmement profiter de l’expérience de l’Ukraine», souligne la Lituanienne.
Quels sont les problèmes de l’alliance?
Presque aucun pays membre ne consacre les 2% prévus de son budget national à la défense. En d’autres termes, l’Alliance fournit plus qu’elle ne livre. Cela pourrait devenir dangereux, surtout si Donald Trump, critique de l’OTAN, était réélu président des Etats-Unis l’année prochaine. Il a déjà menacé l’OTAN d’un retrait américain.
Le fait que toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité complique également les choses. Les personnes qui comprennent Vladimir Poutine comme Recep Tayyip Erdogan ou le président hongrois Viktor Orbán, peuvent ainsi facilement faire chanter les autres membres de l’OTAN.
Qui sera le prochain chef de l’OTAN?
L’ancien Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a dû reporter pour la deuxième fois sa démission prévue du poste de secrétaire général de l’OTAN, faute de pouvoir trouver un successeur. Changer de personnel de haut niveau en pleine crise serait potentiellement dangereux. De plus, les exigences envers la nouvelle figure de proue sont élevées. La plupart des pays membres préféreraient une femme, si possible issue d’un pays qui remplit la condition des 2% de dépenses de défense. Dans les pays baltes, il y aurait quelques candidates: la présidente estonienne Kaja Kallas, par exemple, ou son prédécesseur Kersti Kaljulaid.