Le Kremlin, comme il en a l'habitude, s'est empressé de balayer ces accusations, alors que ces derniers mois, plusieurs médias et journalistes ont été classés «agents de l'étranger», un statut infamant impliquant d'étouffantes contraintes administratives sous peine de lourdes amendes.
Des reporters cibles de poursuites judiciaires et de perquisitions
«Une campagne de destruction des médias non-gouvernementaux et de pressions contre des journalistes est en cours», ont dénoncé les signataires de cette lettre adressée à M. Poutine et à d'autres hauts responsables, estimant qu'"une persécution du journalisme indépendant» est engagée.
«Nous exigeons la révision des décisions sur la fermeture des rédactions de nos collègues», ajoute le texte, publié notamment par le journal Novaïa Gazeta, l'édition russe de Forbes ou encore le syndicat russe des journalistes et des travailleurs des médias.
Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov n'a guère goûté à cette «rhétorique». «Nous avons vu cet appel», a-t-il dit, «nous sommes en désaccord avec ce terme de 'persécution', il est seulement question d'application de la loi». Selon lui, la législation en vigueur «a sa raison d'être dans notre pays», car «l'ingérence étrangère dans nos affaires intérieures existe».
Législatives de septembre en approche
Depuis l'arrestation de l'opposant Alexeï Navalny et à l'approche des législatives de septembre, les autorités ont multiplié les procédures visant l'opposition et des médias indépendants.
Plusieurs rédactions, notamment la chaîne de télévision indépendante Dojd, le site Meduza et des médias d'investigation, ont été déclarés «agents de l'étranger», ce qui plombe leurs recettes publicitaires et les oblige à indiquer ce statut dans toutes leurs publications, même lorsqu'il s'agit d'un tweet.
Des médias liés à des oligarques bloqués
La liste des «agents de l'étranger» concerne les organisations financées de l'étranger et ayant, selon les autorités, des activités «politiques» en Russie. D'autres médias liés à l'ex-oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovsky ont aussi été bloqués récemment après avoir été déclarées «organisations indésirables», un autre statut exposant également leurs membres à des poursuites judiciaires.
La Russie est accusée depuis l'arrivée au pouvoir en 2000 de Vladimir Poutine de juguler la liberté d'expression dans les médias traditionnels, mais les médias en ligne ont longtemps pu fonctionner relativement librement. L'ONG Amnesty International a accusé le Kremlin de vouloir «éradiquer le journalisme impartial et les enquêtes» journalistiques.
(ATS)