Joe Biden et Vladimir Poutine doivent se rencontrer mercredi à 13h, à Genève. Les deux présidents les plus influents du monde prévoient de s'entretenir pendant quatre à cinq heures. Quels sujet les deux hommes vont-ils aborder et quelles sont les chances d'un accord? Blick fait le point avec une échelle de notation allant de 1 à 6.
Le désarmement nucléaire
Les faits. C'est la question qui est au centre des préoccupations à Genève. Si le nombre d'armes nucléaires a fortement baissé depuis la Guerre froide, 93% des 13 400 armes nucléaires du monde sont à disposition des Etats-Unis et de la Russsie. Biden et Poutine n 'ont — en théorie — qu'à appuyer sur un bouton pour détruire le monde.
Prédiction. Peu après son entrée en fonction, Biden avait déjà convenu avec Poutine de prolonger de cinq ans le traité de désarmement nucléaire New Start, suspendu par Donald Trump. Si les signaux envoyés sont positifs, les accords doivent encore être mis en œuvre. En raison de la situation actuellement tendue entre les deux États, il est probable que cette fois-ci, il n'y ait rien de plus qu'un engagement de principe où les deux dirigeants réaffirment d'abord leur souhait de ne pas entrer en guerre ouverte. Chance d'accord: 3
Le climat
Les faits. Ce n'est pas la première fois que les deux hommes parlent de la protection du climat. Alors que Joe Biden désire investir près de deux mille milliards de dollars dans le «Green New Deal», Vladimir Poutine est également disposé à proposer «toute une série» de projets communs en matière de changement climatique. Après tout, son pays est particulièrement touché par les feux de forêt et le dégel du permafrost en Sibérie. Vladimir Poutine décrit la protection du climat comme un élément de liaison entre l'Ouest et l'Est.
Prédiction. Enfin un sujet qui fédère! Toutefois, la Russie, qui est un acteur important de l'accord de Paris en raison de sa taille, peut difficilement se permettre d'investir dans de nouvelles technologies, le pays ayant trop accumulé de retards, notamment économiques. Joe Biden réaffirmera son combat pour l'écologie, mais son homologue russe ne pourra qu'approuver d'un signe de tête. Chance d'accord: 4
La pandémie
Les faits. Depuis que Joe Biden est à la barre des États-Unis, les choses avancent en matière de vaccins. Vladimir Poutine a également adopté un rythme de vaccination élevé et s'agace lorsque les vaccinations sont retardées dans certaines régions. Mais à quoi bon vacciner tous azimut sa propre population alors qu'une grande partie du monde reste exposée au virus en raison de la pauvreté et n'accède pas au vaccin? Une coordination mondiale est nécessaire pour combattre la pandémie.
Prédiction. Les deux pays s'entendront sur l'envoi de vaccins aux pays les plus pauvres. La Russie approvisionne principalement les pays émergents qui sont restés les mains vides dans la grande bataille de la distribution de vaccins des fabricants occidentaux. Biden et Poutine doivent travailler ensemble pour faire en sorte que le virus soit également stoppé dans les régions éloignées et pauvres. Un projet avec lequel les deux peuvent s'imposer comme leaders mondiaux et qui ne fera de mal à personne. Chance d'accord: 5
Les Droits de l'homme
Les faits. Attentats contre des membres de l'opposition, persécution des homosexuels, attaques contre des manifestants: Biden a ouvertement déclaré vouloir parler à Poutine de l'état des Droits de l'homme en Russie. Fin mai, il a déclaré: «Quand je vais rencontrer le président Poutine à Genève, je vais lui dire clairement que nous n'allons pas rester les bras croisés pendant qu'ils violent les droits humains.»
Prédiction. Ici, ça devient délicat. Vladimir Poutine a déjà indiqué ce qu'il pense de l'annonce de Joe Biden. Il a sommairement interdit les organisations trop critiques du Kremlin et est certainement à l'origine de l'empoisonnement d'Alexei Navalny. Poutine n'est pas du genre à laisser quiconque s'immiscer dans ses affaires intérieures. Une discussion constructive sur cette question est vouée à l'échec dès le départ. Chance d'accord: 1
Les sanctions internationales
Les faits. Les États-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions à la Russie en raison de son annexion de la Crimée, des accusations d'ingérence dans les élections américaines de novembre et de diverses attaques informatiques. Selon Washington, l'une des principales stratégies de Moscou a été d'accuser Joe Biden et sa famille de corruption dans le cadre de transactions en Ukraine. Le principal intéressé a dit de Vladimir Poutine: «Il en paiera le prix».
Prédiction. Est-il possible d'avoir une conversation orientée vers des solutions dans un tel contexte et après des attaques personnelles? Probablement pas. Mais les sanctions punitives qui handicapent l'économie russe forceront Poutine à devoir au moins écouter Biden. Il est à espérer que les railleries d'ordre privé n'auront pas d'influence négative sur les autres points de l'ordre du jour. Chance d'accord: 2
La Chine
Les faits. Le resserrement des liens avec l'Europe, notamment au G7 qui vient de se terminer, en témoigne: les États-Unis récupèrent les amis qu'ils ont perdus avec Trump. Pendant ce temps, Moscou flirte avec Pékin. L'ambassadeur russe à Pékin, Andreï Denisov, a déclaré que la Russie discuterait également avec Pékin de toutes les questions relatives à la Chine abordées à Genève.
Prédiction. L'impression est trompeuse. Les flatteries de la Russie à l'égard de la Chine relèvent moins d'une véritable amitié que d'un effet de levier contre les États-Unis. Surtout lorsqu'il s'agit de questions globales comme le désarmement nucléaire et les pandémies, tous les grands acteurs doivent s'unir en tant que partenaires. Chance d'accord: 4
Le conflit en Ukraine
Les faits. La guerre dans l'est de l'Ukraine a fait plus de 13'000 morts en sept ans, sans aucun accord de paix en vue. Il y a quelques semaines, Poutine a déployé son armée à la frontière et a multiplié les manœuvres dans les airs et sur mer. Pour leur part, les États-Unis viennent de s'engager à fournir une aide militaire supplémentaire de 150 millions de dollars à l'Ukraine.
Prédiction. Avec son déploiement à la frontière ukrainienne, Poutine essaie probablement, entre autres choses, de savoir jusqu'où il peut aller avec Joe Biden. Mais Vladimir Poutine est un joueur d'échecs et il sait également qu'une invasion manifeste de l'Ukraine tuerait le projet de gazoduc Nord Stream 2 dans l'œuf, l'empêchant de vendre du gaz russe à l'Europe. Chance d'accord: 2