Victoire de la gauche
Claudia Sheinbaum remporte les présidentielles au Mexique et entre dans l'histoire

La candidate de la gauche au pouvoir et ex-maire de Mexico Claudia Sheinbaum a largement remporté l'élection présidentielle au Mexique, d'après une première enquête sortie des urnes relayée par des grands médias.
Publié: 03.06.2024 à 06:29 heures
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Dernière mise à jour: 03.06.2024 à 06:50 heures
Claudia Sheinbaum, la candidate de la gauche au pouvoir .
Photo: Matias Delacroix
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ATS Agence télégraphique suisse

Claudia Sheinbaum, 61 ans, a emporte l'élection présidentielle au Mexique avec 57,8% des voix contre 29,1% pour l'ex-sénatrice de centre droit Xochitl Galvez, d'après l'enquête de l'institut Enkoll. D'autres sondages de Televisa et d'El Financiero annoncent également la victoire de la candidate du Mouvement pour la régénération nationale (Morena), mais sans donner de pourcentage.

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Cette ex-maire de Mexico, première femme présidente dans l'histoire du Mexique, est une politique aguerrie, confrontée à deux catastrophes lorsqu'elle dirigeait la capitale.

Outre ses mérites propres, la docteure en ingénierie énergétique a été portée par la popularité du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, qui a installé la gauche au pouvoir en 2018.

Un parcours politique commencé tôt

Claudia Sheinbaum Pardo est née le 24 juin 1962 à Mexico de parents engagés dans les années 1960, quand les étudiants ou des guérillas voulaient secouer la «dictature parfaite» du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), hégémonique de 1930 à 2000: «Chez moi, on parlait politique matin, midi et soir», a-t-elle confié dans une biographie, «Claudia Sheinbaum, presidenta». Sa mère, Annie Pardo, biologiste, a été expulsée de l'université pour sa participation au mouvement de 1968.

Dans le melting-pot mexicain très inégalitaire, c'est une petite-fille de juifs d'Europe qui reprend le slogan du président sortant, «les pauvres d'abord», adressé entre autres aux communautés autochtones discriminées: «Je viens d'une famille juive et je suis fière de mes grands-parents et de mes parents», écrivait-elle le 12 janvier 2009 dans le journal la Jornada pour dire son «horreur des images des bombardements d'Israël à Gaza» lors d'une précédente opération militaire. Elle expliquait que sa grand-mère maternelle et son grand-père paternel «communiste» avaient quitté la Lituanie et la Bulgarie pour fuir «la persécution nazie».

Brillante étudiante, Claudia Sheinbaum mène de front dans les années 1980 un master en ingénierie énergétique à l'Université autonome nationale du Mexique (UNAM), et un engagement au sein du Conseil étudiant universitaire (CEU) contre une réforme de l'université.

C'est une militante assidue, même enceinte de sa fille Mariana née en 1988. «Elle était toujours partante. Dans les meetings, surtout», se souvient Guillermo Robles, son condisciple en master. Claudia Sheinbaum a complété son doctorat par un séjour académique en Californie, qui fait qu'elle parle bien anglais à la différence du président sortant, laissant augurer d'une présidence davantage tournée vers l'international.

Sur une photo à la Une du Standford Daily en 1991, on voit la jeune femme protester contre une visite du président mexicain libéral de l'époque, Carlos Salinas de Gortari, une pancarte à la main: «Commerce équitable et démocratie maintenant!»

Claudia Sheinbaum a fait son entrée en politique avec le président actuel Andres Manuel Lopez Obrador, maire de Mexico entre 2000 et 2006. Il lui a confié le portefeuille de l'environnement, stratégique dans la mégapole aux neuf millions d'habitants (en 2023).

La jeune élue est à l'origine de la construction du second étage du «périphérique» pour désengorger l'une des autoroutes urbaines qui traversent Mexico. Claudia Sheinbaum a également lancé les couloirs de bus et des pistes cyclables.

Une politicienne très engagée

De retour à l'université en 2006, la scientifique mexicaine a contribué aux travaux du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), prix Nobel de la paix en 2007. Son thème d'expertise: l'atténuation du changement climatique.

De retour en politique, elle a surmonté deux catastrophes survenues sous sa gestion. Maire du district de Tlalpan dans le sud de Mexico (2015-2017), elle a dû faire face à l'effondrement du collège Rebsamen lors du tremblement de terre du 19 septembre 2017, qui a tué 26 personnes dont 19 enfants.

Elle a affirmé que la mairie n'était pas responsable des irrégularités commises dans la construction de l'édifice. Maire de Mexico (2018-2023), elle a dû gérer l'effondrement d'un pont aérien au passage du métro dans le sud de la ville le 3 mai 2021 (26 morts et 80 blessés). Elle a défendu ses équipes et négocié avec les constructeurs de la ligne – une entreprise du milliardaire Carlos Slim – l'indemnisation des victimes, en évitant les procès.

Claudia Sheinbaum a tenté de gérer en scientifique et sans mesure coercitive la pandémie dans la capitale, qui a enregistré le plus fort taux de décès pour 100.000 habitants (442,1) dans tout le pays, l'un des plus touchés au monde.

A la tête de la capitale, Claudia Sheinbaum se félicite d'avoir réduit l'insécurité «grâce à une stratégie intégrale de traitement des causes, plus et mieux de police, du renseignement, des enquêtes et de la coordination». Présidente, elle sera confrontée à la narco-violence qui mine le Mexique.

Pendant la campagne, «Claudia» a annoncé son mariage en novembre 2023 avec Jesús Tarriba, un amour de jeunesse retrouvé sur Facebook en 2016. En premières noces, elle s'était mariée avec Carlos Imaz, fondateur du parti de gauche PRD, le père de sa fille, et dont elle considère le fils comme son propre enfant.

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