Les gérants d'un bar dans l'Oural en Russie ont été placés en détention provisoire pour «extrémisme» LGBT+, a annoncé mercredi un tribunal de la ville d'Orenbourg, une première en pleine répression grandissante des minorités sexuelles. «Il s'agit de la première affaire pénale de ce type en Russie après la décision de la Cour suprême de classer comme extrémiste le mouvement LGBT», s'est félicité Ekaterina Mizoulina, une militante en vue de la défense des «valeurs traditionnelles» prônée par Vladimir Poutine.
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A l'issue d'une audience à huis clos, le tribunal d'Orenbourg a décidé «de l'incarcération des deux personnes accusées», a indiqué sur Telegram le tribunal d'Orenbourg qui jugeait l'affaire. Il a précisé que le directeur artistique et l'administratrice du bar «Pose» resteront en détention au moins «jusqu'au 18 mai 2024». La détention provisoire est d'ordinaire systématiquement prolongée en Russie jusqu'au verdict du procès.
Jusqu'à 10 ans de prison
Selon l'accusation, «au cours de l'enquête, il a été établi que les accusés, des personnes ayant une orientation sexuelle non traditionnelle, (...) soutiennent également les opinions et les activités de l'association publique internationale LGBT interdite dans notre pays». Les deux accusés risquent une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de prison, selon les autorités. Depuis 2013, une loi en Russie interdit la «propagande» de «relations sexuelles non traditionnelles» à l'adresse des mineurs.
Dans la foulée d'un tour de vis général dans la société après l'assaut russe contre l'Ukraine, cette législation a été considérablement élargie fin 2022 pour interdire toute forme de «propagande» LGBT+ dans les médias, sur Internet, dans les livres et les films. Puis en novembre 2023, la Cour suprême russe a banni le «mouvement international LGBT», ouvrant la porte à de lourdes peines de prison.
Ces dernières semaines, plusieurs Russes ont été condamnés à des amendes pour avoir par exemple mis en ligne des photos comportant des drapeaux arc-en-ciel ou encore, dans le cas de deux femmes, d'avoir diffusé en ligne une vidéo de leur baiser.
(AFP)