Elle ne peut que pleurer et tomber dans les bras de sa maman. Eva, 11 ans, n'arrive toujours pas à y croire. Il y a un an, elle a été enlevée par les troupes russes. «Je ne souhaitais rien d'autre que de revenir», dit-elle à United24, une organisation qui s'engage pour la population ukrainienne.
La mère d'Eva est, elle aussi, bouleversée. La fillette fait partie des 307 enfants qui ont pu être sauvés par l'Ukraine. Une fraction seulement de ceux qui ont été enlevés par les Russes.
Selon les experts de l'université de Yale aux États-Unis, au moins 6000 enfants ont été enlevés depuis le début de la guerre – y compris des bébés.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a partagé mardi la vidéo des enfants sauvés sur son compte Twitter. «La Russie enlève nos enfants. C'est le plus grand enlèvement d'enfants soutenu par un État», a-t-il écrit à ce sujet.
Par cette déportation forcée, la Russie tente selon lui d'effacer l'identité familiale et nationale des jeunes Ukrainiens: «C'est un génocide contre une nation. Tous ceux qui l'ont organisé devront rendre des comptes.»
Les enfants doivent être «russifiés»
Les petits sont placés dans des camps de rééducation ou atterrissent dans des centres d'adoption. L'objectif: les enfants doivent être «russifiés».
Cela signifie apprendre la culture, l'histoire et la société russes et abandonner et oublier complètement leur identité ukrainienne. Les garçons reçoivent en même temps une formation militaire. Ils doivent être préparés à la guerre pour pouvoir combattre plus tard contre leurs compatriotes.
Esclaves sexuels?
Et ce n'est pas tout: fin février, le délégué ukrainien aux droits de l'homme avait accusé la Russie d'avoir enlevé des enfants ukrainiens et de les avoir vendus pour des abus sexuels.
Il existe des messages en ce sens sur les réseaux en ligne, a expliqué Dmytro Lubinets. Ceux-ci révèlent «que des Russes enlèvent des enfants ukrainiens et réalisent des vidéos sexuelles avec eux». Ainsi, 250'000 roubles (plus de 3200 francs) auraient été offerts pour un garçon «qui doit commencer l'école prochainement».
Le délégué aux droits de l'homme du parlement ukrainien a posté sur Telegram un chat de deux utilisateurs qui, selon lui, discutent de la vente d'un garçon pour de la pornographie enfantine.
«Il a été amené d'Ukraine, d'un foyer pour enfants, il n'a pas de famille», a ainsi écrit l'un des utilisateurs, proposant des vidéos sexuelles. «Nous faisons venir des petits pour ce genre de travail. Ce n'est pas le premier que nous faisons venir», a ajouté l'utilisateur.
(Avec l'AFP)