Les républicains pourraient bien faire marche arrière. Après le Sénat américain, la Chambre des représentants pourrait bien passer au vote samedi sur le paquet d'aide de plusieurs milliards pour l'Ukraine.
Si ce vote a enfin lieu, cela sera grâce à Donald Trump – qui, à la base, ne voulait plus dépenser un sou pour aider l'Ukraine. Trump et Zelensky n'ont jamais été de grands amis. Un rapprochement pourrait bien être en cours. Mais n'est-il pas déjà trop tard pour sauver l'Ukraine des mains russes?
Le retournement de veste de l'ex-président actuellement en procès est notamment dû au président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson. Celui-ci avait obtenu le soutien de Trump pour faire sa publicité en Floride. En fin de semaine dernière, le candidat républicain à la présidence a déclaré que Mike Johnson faisait un «très bon travail» dans des circonstances difficiles.
L'Ukraine devra rembourser 10 milliards
Claudia Brühwiler, spécialiste des Etats-Unis à l'Université de Saint-Gall, pose le contexte: «Mike Johnson a décidé de diviser le paquet législatif en cinq. Les députés peuvent donc voter séparément sur l'aide à l'Ukraine, à Israël et aux partenaires de l'Indo-Pacifique, ainsi que sur la sécurité des frontières et d'autres mesures de politique étrangère.»
Une aide de 61 milliards de dollars est déjà prévue rien que pour l'Ukraine. La nouveauté est la suivante: 10 milliards de ce montant prendront la forme d'un prêt afin que l'argent prêté soit rendu. En agissant ainsi, Mike Johnson espère faire changer d'avis les partisans de la ligne dure au sein de son parti qui avaient critiqué, voire rejeté les aides.
Mais le Républicain met ici son poste en jeu. Car les républicains de la Chambre des représentants se divisent massivement au sein du parti. Mike Johnson est sous le feu des critiques des partisans de la ligne dure, comme Marjorie Taylor Greene en Géorgie, qui veulent le démettre de ses fonctions s'il venait à faire voter l'aide pour l'Ukraine. Mais pour Claudia Brühwiler, il ne sera pas seul face à l'adversité: «Mike Johnson est soutenu par Trump parce qu'il a été et est toujours loyal envers lui.»
Des nouveaux missiles et de l'aide de l'UE
L'experte s'attend à ce que l'aide à l'Ukraine reçoive le feu vert. Dans ce cas, l'armée ukrainienne profiterait d'un nouveau souffle. Car en plus de l'aide financière, le président américain Joe Biden veut mettre à disposition des systèmes de missiles de type ATACMS et ce, dès que possible.
Ces missiles, qui ont une portée allant jusqu'à 300 kilomètres et coûtent entre 0,8 et 1,7 million de dollars chacun, sont surtout utilisés pour attaquer les troupes russes loin derrière le front de guerre.
De son côté, l'UE laisse également entrevoir une aide militaire supplémentaire. Des promesses pourraient être prononcées dans les semaines à venir pour des munitions et d'autres systèmes de défense aérienne. Car pour l'Ukraine, l'aide occidentale est nécessaire et urgente. Mercredi, une attaque de missiles russes sur la ville de Tchernihiv au nord de l'Ukraine a fait 17 morts et une soixantaine de blessés.
Limiter les dégâts, mais pas plus
Il y a quelques jours, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est apparu agacé de la lenteur de l'aide occidentale, après la défense antimissile de l'attaque iranienne contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont directement apporté leur aide à Israël, un soutien réactif qui a irrité le président ukrainien: «Notre ciel ukrainien et le ciel au-dessus de nos voisins méritent la même sécurité.» Il semblerait que ses plaintes aient désormais été entendues.
Mais cette aide permettra-t-elle à l'Ukraine de faire pencher la balance en sa faveur sur le front? Ralph D. Thiele, président de la société politico-militaire allemande et président d'EuroDefense Allemagne, tient à temporiser cette euphorie. «Ce coup de pouce n'aidera l'Ukraine que de manière limitée, car elle se trouve déjà dans une situation précaire.» Selon le spécialiste, une nouvelle stratégie se dessine aux États-Unis – celle de la limitation des dégâts. «Les moyens disponibles sont suffisants pour cela, mais pas pour faire plus», rappelle Ralph D. Thiele.