Les premiers détails du plan de paix pour l'Ukraine de Donald Trump ont été publiés jeudi par le journal britannique «Daily Mail», le portail d'information ukrainien Strana et l'agence américaine Bloomberg. Selon ces informations, le président américain veut inciter le président ukrainien Volodimir Zelensky à conclure un cessez-le-feu avec la Russie dès Pâques. Toutefois, il n'y a pas encore de confirmation de Kiev concernant de tels projets.
Les conditions exactes du plan de Trump ne sont pas encore fixées, explique l'expert militaire allemand Ralph D. Thiele. L'envoyé spécial de Trump pour l'Ukraine, l'ancien général Keith Kellogg, va d'abord mener d'importantes discussions en Europe et sonder les différentes parties. Dans ce contexte, différentes idées sur une potentielle paix circulent, selon Ralph D. Thiele. «Kellogg doit d'abord se faire une idée de la situation avant de venir avec des propositions concrètes.» Malgré tout, l'expert est convaincu que des conditions générales claires se dessinent déjà.
Perte de territoire et renoncement à l'OTAN
Selon les derniers rapports, l'Ukraine devrait reconnaître le contrôle russe sur les territoires annexés à l'est du pays: les quatre oblasts occupés en grande partie par la Russie seraient démilitarisés après un cessez-le-feu, mais resteraient sous contrôle russe.
L'Ukraine devrait se retirer de la région russe de Koursk et renoncer à une adhésion à l'OTAN. En contrepartie, le soutien américain à l'armée ukrainienne serait maintenu et une adhésion à l'UE serait envisagée d'ici à 2030. L'UE devrait participer à la reconstruction sur le plan financier.
Pas d'envie, pas d'argent, pas de soldats
Malgré de nombreuses incertitudes, Ralph D. Thiele est convaincu qu'une fin de la guerre en Ukraine est imminente: «La guerre va prendre fin, au moins temporairement, c'est clair comme de l'eau de roche pour moi.» Les Américains n'ont plus envie, les Européens n'ont plus d'argent, et les Ukrainiens n'ont plus de soldats. Une paix sera donc signée dans quelques mois. «La question est maintenant de savoir à quelles conditions», conclut-il.
L'expert militaire est convaincu que Trump parviendra à amener Poutine à la table des négociations. En raison de la pression économique, il est clair pour le chef du Kremlin qu'il doit faire quelque chose. «Et l'économie est toujours au cœur de tout», souligne-t-il. Même les Chinois, dont l'économie n'est pas florissante en ce moment, auraient intérêt à ce que le calme revienne en Ukraine.
Une énorme pression sur Zelensky
Le fait que l'Ukraine perde le contrôle d'environ 20% de son propre territoire est pratiquement inévitable, affirme Ralph D. Thiele. A long terme, l'Ukraine peut espérer récupérer ces territoires. Mais à court terme, c'est pratiquement exclu. «Amis et ennemis vont mettre le pistolet sur la tempe de Zelensky», anticipe l'expert militaire.
Mais une paix stable avec la Russie de Poutine est-elle possible? Ralph D. Thiele est prudent, mais optimiste. La paix doit être économiquement viable pour l'Ukraine et pour Poutine. La Russie doit à nouveau pouvoir gagner de l'argent à l'exportation et l'Ukraine doit se remettre sur pied sur le plan économique. Un problème pour Kiev: une grande partie de l'industrie et des matières premières se trouvent à l'est du pays.
Les Américains devraient entre-temps donner certaines garanties de sécurité et espérer que Poutine ne les teste pas. Car une sécurisation militaire de l'Ukraine reste très difficile.
Des coûts élevés pour l'Europe
Selon Ralph D. Thiele, il est également possible que les Etats-Unis fassent pression pour que des élections présidentielles aient lieu prochainement en Ukraine. Zelensky a certes été élu en 2019 avec le soutien des Etats-Unis, mais les Américains pourraient désormais avoir intérêt à un changement de pouvoir à Kiev: l'Ukraine lutte contre la corruption et est devenue plus autocratique sous Zelensky.
Proposer à l'Ukraine la perspective d'une adhésion à l'UE est en principe facile. Mais une adhésion n'est guère envisageable tant que la corruption et le crime organisé ne sont pas sous contrôle.
L'envoyé spécial Keith Kellogg sondera également l'ampleur de la contribution financière qu'il pourrait demander aux Européens dans le cadre d'une éventuelle reconstruction de l'Ukraine. «Cela représente une somme considérable que nous devons verser», estime l'expert allemand. En fin de compte, il est aussi envisageable que la reconstruction de l'Ukraine conduise à un succès économique, comme pour l'Allemagne d'après-guerre.