Pour la deuxième fois de l'année, des missiles iraniens ont été tirés mardi sur Israël. L'attaque a pu être en grande partie repoussée par le «dôme de fer», le système de défense aérienne israélien. Israël a rapidement annoncé des représailles. Le président américain Joe Biden s'est, lui aussi, exprimé mardi soir sur la menace d'une escalade au Moyen-Orient: «Ne vous laissez pas abuser, les Etats-Unis soutiennent pleinement Israël.»
Il n'est guère surprenant que les Etats-Unis assurent un soutien indéfectible à Israël dans cette situation. Depuis les années 1960 déjà, l'Amérique fait partie des plus grands défenseurs d'Israël – les Etats-Unis y ont d'ailleurs depuis lors injecté plus de 300 milliards de dollars américains. Pourquoi ces deux pays sont-ils donc aussi liés? L'historien Klaus Hödl répond à Blick.
Les Etats-Unis agissent par intérêt personnel
Derrière le soutien apparemment inconditionnel des Etats-Unis envers Israël se cache en premier lieu un intérêt égoïste. Grâce à Israël, l'Amérique a toujours un pied dans la région – sans avoir besoin d'être sur place. C'est uniquement grâce à l'aide américaine qu'Israël dispose de l'armée la plus puissante de la région. Dans les années 1960, l'ancien président Lyndon B. Johnson a engagé son pays à faire progresser l'avance militaire d'Israël dans la région. Il a ainsi posé la première pierre qui a permis à l'armée israélienne d'être compétitive jusqu'à aujourd'hui.
Sous la présidence de Ronald Reagan, les États-Unis et Israël ont signé plusieurs accords militaires stratégiques. Les États-Unis ont par exemple stationné en Israël des armes qui appartenaient officiellement à leur armée. La raison: en cas d'urgence, Israël peut ainsi disposer rapidement d'armes puissantes. Selon le raisonnement des Etats-Unis, la force militaire du pays pourrait les aider à combattre des ennemis communs dans la région.
Pendant la guerre froide, Israël a contribué à endiguer l'influence soviétique au Proche-Orient. Après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York, la valeur stratégique d'Israël a encore augmenté: le pays avait déjà une longue expérience dans la lutte contre le terrorisme. Au cours de la dernière décennie, les Etats-Unis et Israël ont travaillé en étroite collaboration pour contrer l'expansion de l'influence iranienne dans la région. Les deux nations ont également collaboré pour tenter de freiner le programme nucléaire iranien, même si leurs approches étaient différentes.
Liés par la même vision d'eux-mêmes
Mais pourquoi les Etats-Unis ont-ils choisi Israël en particulier comme allié dans la région? L'expert Klaus Hödl explique: les deux pays sont liés par la même vision d'eux-mêmes et partagent des valeurs similaires. «Tous deux se considèrent comme une société très spéciale avec une mission bien précise. Il y a beaucoup de recoupements dans leurs mentalités.» Les Etats-Unis inscrivent la liberté en grand dans leur Constitution, et Israël se veut être le représentant de la liberté du peuple juif.
A cela s'ajoute également le fait qu'Israël serait considéré comme la seule démocratie au Proche-Orient. Pour les Etats-Unis, il est plus facile de justifier moralement le soutien militaire à une démocratie que de donner accès à ses armes à une dictature, par exemple. Du point de vue des Etats-Unis, Israël qui se défend aide donc aussi par conséquent à défendre les valeurs démocratiques ou occidentales dans la région.
Mais ce sont précisément ces valeurs démocratiques qui sont mises en danger par Israël actuellement – raison pour laquelle le soutien apparemment inconditionnel des Etats-Unis commence à s'effriter.
La solution à deux Etats amenée par Blinken
«Il y a de plus en plus d'inquiétudes vis-à-vis d'Israël de la part des États-Unis», estime Klaus Hödl à propos de la situation actuelle. «En particulier en ce qui concerne la démocratie en Israël», comme le montre la tentative du gouvernement actuel de réduire les compétences de la Cour suprême. Selon l'expert, les États-Unis ont, par ailleurs, des intérêts qui ne coïncident pas avec ceux d'Israël.
«Si l'on observe attentivement la situation, on constate que les Etats-Unis s'éloignent de plus en plus d'Israël et se concentrent plus largement sur la région globale.» Le secrétaire d'État américain Antony Blinken n'a cessé d'évoquer l'idée d'une solution à deux États pour la Palestine et Israël, y compris face au gouvernement israélien. Une idée qui déplaît fortement à Israël.
Klaus Hödl estime toutefois qu'il est peu probable que cela débouche sur une querelle majeure entre les Etats-Unis et Israël, voire sur un effondrement du soutien américain. «L'idée que l'aide à Israël soit réduite, comme certaines voix le demandent pour l'Ukraine, est presque inimaginable aux Etats-Unis. Tout simplement en raison de la sympathie américaine envers Israël.»