«Une attaque d'un autre genre», «une escalade importante», «le Dôme de fer a échoué». Après la grande attaque iranienne contre Israël mardi soir, des déclarations alarmantes font la une des journaux. Bien que l'Iran ait déjà perpétré une attaque de missiles contre Israël en avril, les réactions mondiales sont cette fois-ci nettement plus fortes.
Alors qu'en avril, les mollahs avaient principalement tiré des missiles de croisière et des drones en direction d'Israël, ils ont cette fois tiré environ 180 missiles balistiques. Certains projectiles ont même réussi à percer le «meilleur système de défense aérienne au monde».
Des images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des traînées lumineuses s'enfonçant dans le sol et causant d'importants dégâts. La question s'est rapidement posée: quelle est la puissance réelle du système de défense aérienne israélien?
Une unité mobile du système Dôme de fer se compose d'un radar, d'un centre de contrôle et de jusqu'à quatre rampes de lancement pour 20 missiles d'interception chacune. Dès que le radar détecte le lancement d'un missile ennemi, le système calcule immédiatement sa trajectoire et son point d'impact probable. Les missiles d'interception sont lancés en fonction de la situation de danger.
«Le Dôme de fer n'a pas échoué»
Frank Ledwidge enseigne à l'université de Portsmouth et est expert militaire. Pour Blick, il met en perspective l'attaque de mardi. «Il est toujours difficile de faire des déclarations sur l'action militaire d'Israël, car ils ne donnent aucune indication sur leur défense.» Selon l'expert, le système Iron Dome n'a toutefois pas échoué. «Les gens se méprennent sur le fait que le Dôme de fer n'est pas conçu pour repousser les missiles balistiques.»
Le Dôme de fer a un taux de réussite élevé: il abat 90 à 95% de ses cibles. Mais uniquement lorsque les missiles touchent des cibles d'importance, comme des quartiers résidentiels, explique l'expert. «Dans les zones ouvertes, comme par exemple dans le désert, les roquettes ne sont pas interceptées.»
Israël pourrait manquer de missiles
Iron Dome intercepte surtout les missiles à courte portée. «Lors de l'attaque de l'Iran, Iron Dome a joué un rôle important, car il a permis une défense locale.» Il est important de mentionner que le Dôme de fer ne constitue qu'une des trois composantes du système de défense israélien. Il y a aussi le système David's Sling et le système Arrow, qui ont également été utilisés mardi.
«Le système Arrow et le système David's Sling sont les seuls systèmes capables d'abattre des missiles balistiques avec certitude.» Selon l'expert, le système Dôme de fer peut certes en abattre quelques-uns, mais il n'est pas conçu pour cela.
Des prochaines attaques de l'Iran contre Israël pourraient être encore plus graves, selon Frank Ledwidge. «Les trois systèmes de défense pourraient alors être dépassés. Et l'Iran en est probablement conscient.»
«Nous ne savons pas de combien de missiles de défense Israël dispose»
Un autre risque est que les Israéliens soient à court de missiles. «Israël ne dispose pas d'un nombre illimité de missiles d'interception et de rampes de lancement. C'est aussi une question de coût», poursuit l'expert. Ces missiles de défense sont très chers. «C'est pour cette raison que les Américains et les Britanniques sont impliqués.»
On ne sait donc pas combien de temps Israël pourrait résister à l'Iran. «Nous ne savons pas combien de missiles de défense Israël possède. Et nous n'en savons pas plus concernant l'Iran», assume Frank Ledwidge. Le problème est, qu'en cas d'attaque beaucoup plus importante, les Israéliens pourraient être à court de systèmes Arrow et David's Slings.
Selon l'expert, l'Etat hébreu s'est certes défendu avec succès contre l'Iran jusqu'à présent. Il émet toutefois des réserves. «L'attaque iranienne n'a pas non plus été un échec, car elle a touché une importante base aérienne qui a causé beaucoup de dégâts à Israël.»
A l'avenir, l'Etat hébreu visera surtout les bases de missiles de l'Iran. «Les Israéliens savent qu'une nouvelle attaque de ce type pourrait les mettre en grande difficulté.»