La nouvelle escalade au Proche-Orient inquiète les investisseurs. Toutefois, la réaction à l'attaque de missiles iraniens contre Israël est restée limitée. Tout dépend désormais de la forme que prendront les menaces de représailles d'Israël. La crainte d'une escalade est réelle, affirme l'économiste Klaus Wellershoff. Mais pour le fondateur de la société de conseil Wellershoff & Partners, il est clair que «ni l'Iran ni Israël n'ont intérêt à une guerre ouverte.»
«Les marchés financiers se sont habitués au conflit et comptent sur le fait qu'il reste limité», poursuit Klaus Wellershoff. Car il est clair qu'une guerre ouverte entre Israël, la puissance nucléaire, et l'Iran, également très armé, pourrait avoir des conséquences drastiques pour les deux pays. Mais quel est l'impact détaillé du conflit sur l'économie mondiale? Blick présente les principales conséquences pour le prix du pétrole, les marchés boursiers, le franc et le prix de l'or.
Prix du pétrole
Le prix du pétrole est toujours particulièrement touché lorsqu'il y a des combats au Proche-Orient. En effet, une grande partie de la matière première noire provient de cette région. Hier encore, le prix du pétrole brut a augmenté d'un bon pour cent après l'attaque iranienne.
Le prix du pétrole reste toutefois proche de son niveau le plus bas de l'année, explique l'économiste. Mais que se passerait-il si Israël paralysait la production pétrolière iranienne ou si l'Iran fermait le détroit d'Ormuz, par lequel transite un cinquième des transports de pétrole dans le monde? «Cela ferait certes grimper les prix, mais la demande diminuerait en parallèle, car une telle escalade affaiblirait l'économie mondiale», explique Klaus Wellershoff. L'effet sur les prix pourrait donc ne pas être si important au final.
Une chose est sûre: une hausse du prix du pétrole a aussi des répercussions directes sur le porte-monnaie des habitants de la Suisse. Ainsi, les coûts d'approvisionnement (prix du pétrole brut, raffinage et transport) représentent environ un tiers du prix de l'essence.
Actions
Après l'attaque iranienne, l'indice directeur américain Dow Jones a chuté de 0,4% mardi. Alors que les actions du secteur pétrolier et de la défense ont augmenté aux Etats-Unis, les grandes entreprises technologiques comme Apple, Intel et Microsoft ont perdu du terrain. Le SMI suisse a quant à lui peu changé mercredi.
Certes, l'incertitude est toujours mauvaise pour le marché des actions, assure Klaus Wellershoff. «Mais l'incertitude est élevée depuis quelques années déjà. Au vu des nombreux affrontements dans le monde, l'importance du conflit au Proche-Orient se relativise, ajoute-t-il. Les marchés se sont habitués à la réalité d'un monde conflictuel et incertain.»
Bien sûr, il faut prendre la situation très au sérieux, poursuit l'économiste. «Après l'utilisation d'une arme nucléaire, le monde ne pourrait pas simplement reprendre le cours normal des choses.» Même si cela ne semble pas être le cas pour l'instant: «Les deux parties misent sur des attaques relativement ciblées.»
Franc
Chaque fois que l'incertitude règne, les investisseurs se réfugient dans des «valeurs refuges». Et le franc suisse en est justement une. Cette fois encore, le franc a légèrement augmenté pendant la nuit par rapport à l'euro et au dollar, comme l'écrivent les analystes de Raiffeisen. Si cette tendance s'accentue, la Banque nationale pourrait à nouveau intervenir sur le marché des devises et acheter des monnaies étrangères afin d'affaiblir le franc.
Mais dans l'ensemble, le franc n'est pas aussi fort à cause des crises dans le monde, fait remarquer Klaus Wellershoff. «Le franc est attractif parce que le renchérissement est plus faible en Suisse que dans le reste de l'Europe et aux Etats-Unis.» Selon lui, la guerre au Proche-Orient n'a ici qu'une influence mineure.
L'or
L'or est également considéré comme une «valeur refuge» et profite des temps troublés. Mardi, la crise au Proche-Orient a même permis au métal précieux d'atteindre un record. Le cours d'une once d'or se situe actuellement autour de 2650 francs.
Mais comme pour le franc, d'autres raisons prévalent pour la course au record du métal précieux cette année, poursuit l'économiste: «Par crainte de sanctions, plusieurs banques centrales achètent massivement de l'or.» Certes, cela a beaucoup à voir avec le monde incertain dans lequel nous vivons aujourd'hui. Mais le conflit au Proche-Orient n'est qu'une pièce du puzzle.