L'Assemblée générale des 193 Etats membres réunie en urgence depuis lundi a adopté cette résolution avec 143 voix pour, face à cinq pays contre et 35 qui se sont abstenus, parmi lesquels la Chine, l'Inde, le Pakistan et l'Afrique du Sud, malgré des efforts diplomatiques des Etats-Unis.
«143 nations se sont tenues du côté de la liberté, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale», a déclaré le président américain dans un communiqué, affirmant que la Russie ne pouvait «pas effacer un Etat souverain de la carte». Les cinq Etats qui ont voté contre sont, sans surprise, la Russie, le Bélarus, la Syrie, la Corée du Nord et le Nicaragua.
Un soutien qui s'érode
Par rapport à un vote datant de mars, condamnant l'invasion de l'Ukraine, le soutien à la Russie s'est très légèrement érodé, avec deux voix de plus contre Moscou. Le Bangladesh, l'Irak et le Sénégal, qui s'étaient abstenus en mars, ont cette fois voté pour condamner la Russie.
L'Érythrée, qui avait rejeté la résolution en mars, s'est cette fois abstenue. Le Nicaragua, qui subit des critiques toujours plus vives de la communauté internationale en matière de droits humains, a fait le chemin inverse, puisqu'il s'était abstenu en mars et a cette fois refusé de condamner Moscou.
Avec ce texte, co-rédigé par l'Union européenne et présenté par l'Ukraine, les Occidentaux, Washington en tête, entendaient démontrer que le président Vladimir Poutine était «isolé» sur la scène internationale, sept mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine.
«Une majorité écrasante aux côtés de l'Ukraine»
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'était auparavant félicité dans un communiqué de voir «une majorité écrasante de nations aux côtés de l'Ukraine, dans la défense de la charte de l'ONU et l'opposition résolue à la guerre de la Russie contre l'Ukraine et sa population».
«Vous pourriez être le prochain»
Avant le vote, son ambassadrice à l'ONU Linda Thomas-Greenfield avait exhorté le plus de pays possible à ne pas s'abstenir: «Aujourd'hui, la Russie envahit l'Ukraine. Mais demain le territoire d'une autre nation pourrait être violé. Cela pourrait être vous. Vous pourriez être le prochain» pays, a lancé la diplomate à la tribune des Nations unies.
Son homologue français Nicolas de Rivière a renchéri: «En envahissant son voisin, la Russie a décidé d'ouvrir la voie à d'autres guerres d'annexion. Ce qui se passe aujourd'hui en Europe peut se passer demain ailleurs: en Asie, en Afrique, en Amérique latine».
Et pour la Britannique Barbara Woodward, «la Russie a échoué sur le champ de bataille et à l'ONU. (...) La Russie s'est isolée. (...) Il faut maintenant arrêter la guerre». La résolution «condamne les tentatives d'annexions illégales» des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson après des «prétendus référendums illégaux» et souligne que ces actions n'ont «aucune validité» au regard du droit international.
Retrait immédiat des troupes russes d'Ukraine
Le texte appelle également à ce qu'aucun Etat ne reconnaisse ces annexions et réclame le retrait immédiat des troupes russes d'Ukraine entrées le 24 février. L'ONU «exige que la Fédération de Russie revienne immédiatement et de manière inconditionnelle sur sa décision du 29 septembre» relative à l'intégration des régions ukrainiennes au sein de la Russie. Ces annexions constituent une «violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine».
Le 30 septembre, Moscou avait utilisé son veto pour bloquer au Conseil de sécurité cette même résolution condamnant les annexions en Ukraine. En dehors du veto russe, le texte avait recueilli 10 voix pour sur les 15 membres du Conseil. La Chine, l'Inde, le Brésil et le Gabon s'étaient abstenus et les Occidentaux avaient alors déjà vanté une preuve de l'isolement de la Russie.
«La Russie a tenté de faire taire le Conseil de sécurité, mais elle n'a pas pu faire taire l'Assemblée générale des Nations unies», a dit l'ambassadeur de l'Union européenne à l'ONU Olof Skoog devant la presse après le vote.
(ATS)