Le Premier ministre groenlandais est vert de rage: Mute B. Egede accuse l'administration Trump d'être «très agressive» en envoyant cette semaine, deux délégations de hauts fonctionnaires sur l'île. Selon lui, la diplomatie a montré ses limites face à un président américain qui s'en moque et qui est déterminé à posséder et contrôler le Groenland.
Dimanche 23 mars, la Maison Blanche a annoncé la venue officielle d’Usha Vance, épouse du vice-président J.D. Vance, attendue de jeudi à samedi. Mais dès ce début de semaine, ce sont Michael Waltz, conseiller à la sécurité nationale, et Chris Wright, secrétaire à l’Energie, qui fouleront le sol groenlandais, selon le «New York Times». Et tout cela, sans y être invités.
Et c’est la visite de Michael Waltz qui fait particulièrement grincer des dents. «Que fait le conseiller à la sécurité nationale au Groenland?», s’indigne Mute B. Egede dans un média local. «Son unique but est de démontrer leur pouvoir sur nous.» Face à cette pression, le Premier ministre appelle à renforcer l’autonomie de l’île en dotant le gouvernement groenlandais de véritables pouvoirs décisionnels au nom de la population.
Une ingérence dénoncée
Le Premier ministre n’est pas le seul à s’inquiéter. D’autres figures politiques de l’île dénoncent le timing de ces visites, alors que des élections viennent à peine de se tenir et que le futur gouvernement n’est pas encore formé. «Le fait que les Américains interviennent en plein processus de négociation est un manque de respect flagrant envers notre peuple», déplore Jens-Frederik Nielsen, leader du parti le plus populaire du pays.
La méfiance envers Donald Trump ne cesse de grandir au Groenland. Un sondage récent montre qu’une large majorité de la population refuse catégoriquement toute intégration aux Etats-Unis. Jusqu’ici, les autorités groenlandaises ont joué les équilibristes, affirmant leur souveraineté tout en évitant la confrontation. Mais pour beaucoup, ces visites sont la goutte de trop.
Dimanche, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a elle aussi tapé du poing sur la table. Ni le Danemark ni le Groenland n’avaient demandé de telles visites, a-t-elle souligné. «Ces déplacements ne peuvent être dissociés des ambitions publiques affichées par les Etats-Unis», a-t-elle déclaré, assurant que la situation était prise «très au sérieux».
Un agenda culturel?
Officiellement, l’administration Trump présente la venue d’Usha Vance comme amicale. Elle sera accompagnée de son fils pour assister à une course nationale de chiens de traîneau, visiter des sites historiques et «découvrir l’héritage groenlandais», selon la Maison Blanche.
De leur côté, Michael Waltz et Chris Wright devraient visiter une base militaire américaine située au nord de l’île. D'autres hauts responsables pourraient les rejoindre. Un porte-parole de Michael Waltz a déclaré au «New York Times» que cette visite visait simplement à «recueillir des informations» et à «explorer la culture locale». Décidément, l'histoire groenlandaise a la cote auprès des responsables américains.
Depuis plusieurs mois, Donald Trump multiplie les gestes marquant une nouvelle poussée expansionniste: en ligne de mire, le Groenland, mais aussi le Canada et le canal de Panama. Face à cette dynamique, Múte B. Egede appelle la communauté internationale à réagir. Il déplore le silence des puissances occidentales, jugées trop timorées pour soutenir concrètement le Groenland.