«Tout cela me donne du fil à retordre»
Ces retraités suisses en Thaïlande magouillent pour esquiver le nouvel impôt

La nouvelle réglementation fiscale en Thaïlande suscite l'émoi, notamment chez les retraités. Certains expatriés comme Daniel Bruni partent déjà plus loin, dans des pays comme le Cambodge, pour échapper aux impôts élevés.
Publié: 10.08.2024 à 11:30 heures
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Dernière mise à jour: 11.08.2024 à 08:42 heures
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Daniel Bruni en a assez de la Thaïlande, entre autres à cause de la réforme fiscale, et a déménagé en l'Asie du Sud-Est.
Photo: zVg
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Jean-Claude Raemy

Jusqu'à présent, les revenus qui provenaient des retraites étaient exonérés d'impôt en Thaïlande. Cela a rendu le pays attractif pendant de nombreuses années, notamment pour les retraités suisses. Une nouvelle pratique fiscale proposée pourrait toutefois changer la donne.

Certains expatriés suisses prennent la chose à la légère et attendent de voir si la nouvelle pratique d'imposition deviendra effectivement une loi. Pour d'autres, surtout ceux qui ont des revenus modestes, le choc est profond. C'est le cas de Daniel Bruni, âgé de 54 ans, qui vivait en Thaïlande depuis 2011. «La nouvelle réglementation fiscale me donnerait du fil à retordre», confie-t-il à Blick par téléphone. Elle engloutirait un quart de ses revenus.

L'astuce de la réduction de la durée de séjour

Originaire de Thoune, il a vécu auparavant à Phuket, à Pattaya et dans le nord de la Thaïlande. Il y a six semaines, il a d'abord déménagé sur l'île vietnamienne de Phu Quoc et habite désormais depuis une semaine dans la ville cambodgienne de Kampot, située à proximité de cette île. Il y loue «un grand et bel appartement» pour 250 dollars par mois. Son plan? Vivre un peu plus de la moitié de l'année au Cambodge et moins de 180 jours en Thaïlande, afin de ne pas y être assujetti à l'impôt.

«La Thaïlande m'est de moins en moins sympathique, alors que des pays comme le Vietnam ou le Cambodge ont rattrapé leur retard en termes d'infrastructures et sont moins chers en termes de coût de la vie. Ce seront bientôt les nouvelles places to go», explique Daniel Bruni. Le Bernois, en partie handicapé, finance sa subsistance en recevant une rente AI (Assurance Invalidité) et LAA (L'assurance accidents et maladies professionnelles), qu'il perçoit depuis 1990 à la suite d'un grave accident de voiture.

D'autres échappatoires possibles

L'astuce consistant à déménager temporairement dans d'autres pays d'Asie du Sud-Est n'est pas la seule. Peter J.* vit et travaille «à distance» en Thaïlande, et n'a jamais payé d'impôts. «Transférer son argent à son conjoint ou à ses enfants qui ne travaillent pas plutôt que sur son propre compte ou le retirer en espèces sur place via une carte EC ou de crédit suisse, problème provisoirement résolu! », affirme-t-il.

Au cours des dix dernières années, il n'a jamais reçu de lettre de l'administration fiscale thaïlandaise. «Avec 2000 francs par mois, on vit très bien ici», explique-t-il. Il n'y a donc pas de raison de s'inquiéter selon ce dernier.

Mais pour certains, l'augmentation des impôts ne convient pas non plus parce qu'on ne sait absolument pas ce qu'il adviendra des recettes fiscales supplémentaires. «Il n'y a pas de contrepartie visible», martèle Daniel Bruni. Les revenus sont conformes aux normes occidentales, mais les déductions possibles sont des montants thaïlandais. «Ca ne fonctionne pas!» Selon lui, les étrangers vivant actuellement en Thaïlande chercheront tout simplement une alternative dans d'autres régions. 

Outre la fiscalité, les critères les plus importants semblent être la proximité de la plage, le coût de la vie ainsi que la vie culturelle et nocturne. Un déménagement en Asie du Sud-Est est plus probable qu'un retour en Suisse. Quelles sont donc les possibilités?

Les régimes fiscaux dans la région ne sont pas meilleurs

D'un point de vue purement fiscal, la situation n'est pas meilleure dans les pays voisins. Au Vietnam, au Laos ou au Cambodge, un expatrié est considéré comme résident fiscal s'il séjourne au moins 183 jours par année civile dans le pays. Celui qui reste moins longtemps sur place est considéré comme un «non-résident» et n'est donc imposé que sur ses revenus générés dans le pays, à un taux forfaitaire de 20%.

Dans ces pays, les transferts de fonds depuis l'étranger, y compris les pensions, ne sont plus exonérés d'impôts comme auparavant. Les impôts sont dus sur les revenus générés dans le monde entier, quel que soit le lieu où ils sont payés ou perçus. L'impôt sur le revenu des résidents est progressif et varie, comme en Thaïlande, de 5 à 35% sur la base du revenu mensuel imposable.

Si la Malaisie a également décidé d'imposer les revenus mondiaux en 2022, elle a peu après suspendu cette mesure jusqu'à fin 2026. «Afin d'encourager les investissements en Malaisie», la Malaisie prévoit actuellement une exonération de l'impôt sur le revenu pour les revenus provenant de l'étranger.

Les Philippines semblent être actuellement le pays le plus intéressant. Ceux qui n'en sont pas ressortissants ne sont imposés que sur les revenus de source philippine. Les retraités suisses y bénéficient donc d'une exonération fiscale sur leurs revenus de retraite. La concurrence régionale pour attirer les retraités d'outre-mer pourrait conduire à un nouvel assouplissement des dispositions fiscales encore récentes dans les premiers pays cités, tout comme en Thaïlande.

*Nom connu de la rédaction

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