Tous n'ont pas survécu au passage des forces russes
Ces Ukrainiens ont été séquestrés quatre semaines dans une cave

Des habitants du village ukrainien de Yahidne racontent comment des soldats russes les ont forcés à descendre dans la cave d'une école, arme sur la tempe. Certains n'ont pas survécu à ces quatre semaines de séquestration.
Publié: 14.04.2022 à 21:11 heures
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Dernière mise à jour: 14.04.2022 à 21:16 heures
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Des dizaines d'Ukrainiens ont été séquestrés dans la cave d'une école à Yahidne. Les noms des décédés et des exécutés sont gravés sur les murs de la geôle.
Photo: keystone-sda.ch
Tobias Ochsenbein

La guerre que Vladimir Poutine a déclenchée en Ukraine dure depuis sept semaines déjà. Et les violations des droits de l’homme s’y multiplient. Les soldats russes ne s’attaquant pas seulement à des cibles militaires – contrairement à ce que martèle le Kremlin – mais aussi à la population civile ukrainienne.

Comme le rapporte l’agence de presse AP, à Yahidne, un village situé à 140 kilomètres de Kiev, plus de 300 villageois ont été enfermés dans la cave d’une école par des soldats russes.

Entassés arme sur la tempe

Début mars, les Russes prennent le contrôle de la région autour de la ville de Tchernihiv. Les survivants racontent comment le scénario d’horreur débute. Ils sont forcés de descendre dans la cave d’une école, sous la menace d'armes à feu.

Au fur et à mesure que les jours passent, des séquestrés rendent peu à peu l’âme. Les survivants ont documenté leur tragédie. Sur le mur droit de la cave sont gravés les noms des 18 victimes qui sont décédés en raison des conditions de vie inhumaines qu'on leur imposait. Sur le mur gauche trône le souvenir de ceux que les soldats russes ont directement abattus.

«Un vieil homme est mort près de moi. Puis sa femme», explique Valentina Saroyan à AP, alors qu’elle montre la cave aux journalistes de l’agence de presse. Plus tard, deux autres personnes sont également décédées juste à côté d’elle.

Les voisins enterrent les corps

Les prisonniers étaient gardés dans l’obscurité jour et nuit, raconte Valentina: «Sauf dans les rares cas où l’on cuisinait dehors, sur un feu ouvert, ou où nous pouvions aussi, pour une fois, utiliser les toilettes.»

Une fois libéré, le macabre sous-sol regorgeait de corps. C’est au voisinage du bâtiment scolaire qu’est revenue la tâche d’enterrer les défunts dans la fosse commune d’un cimetière voisin.

Svitlana Baguta raconte des bribes de vie en captivité. Un soldat russe, qui était «soit ivre, soit défoncé», l’a fait boire dans une bouteille sous la menace d’une arme: «Il a pointé l’arme sur ma gorge, a posé la bouteille et m’a dit: Bois!»

Des débris et des bombes

Les forces russes auraient quitté le village début avril, dans le cadre du retrait du nord de l’Ukraine, ordonné par l’armée russe en prévision d’une grande offensive à l’est.

Un message griffonné sur un mur de l’école de Yahidne présente le 1er avril comme le dernier jour de l’occupation russe. Dans le village, les occupants ont laissé derrière eux des bombes qui n'ont pas explosé, des véhicules détruits et des montagnes de débris.

Village après village, ville après ville, les Ukrainiens se heurtent encore et encore aux traces des atrocités commises pendant l’occupation russe. Le massacre de Boutcha, qui a coûté la vie à 300 civils, est peut-être la plus saillante des horreurs de cette guerre – mais elle n’est de loin pas la seule.

(Adaptation par Daniella Gorbunova)


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