«C'est le nouvel Auschwitz»
Les Russes mettent en service des crématoriums mobiles à Marioupol

Les troupes de Vladimir Poutine ont apparemment installé des crématoriums mobiles à Marioupol. Il n'y a pas de crime sans corps: les Russes souhaitent sans doute éviter que d'autres atrocités ne soient mises au jour, après le massacre de Boutcha.
Publié: 07.04.2022 à 16:08 heures
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Dernière mise à jour: 08.04.2022 à 07:21 heures
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Selon des informations ukrainiennes, la Russie a mis en service des crématoriums mobiles à Marioupol (photo d'archives).
Fabrice Obrist

La Russie aurait installé et mis en service des crématoriums mobiles dans la ville assiégée de Marioupol afin de faire disparaître les corps des Ukrainiens tués. «Les tueurs effacent leurs traces. Les crématoriums mobiles russes ont commencé leur travail à Marioupol», écrit le conseil municipal de cette ville sur Telegram.

Le fait que les Russes veuillent désormais se débarrasser des corps est probablement en lien direct avec le massacre de Boutcha, suppose l'autorité. «Après la large couverture médiatique internationale du génocide de Boutcha, la direction suprême de la Fédération de Russie a ordonné de détruire toutes les preuves des crimes commis par son armée à Marioupol», ajoute le conseil municipal.

Les habitants de Donetsk sont utilisés pour le nettoyage

Le massacre de Boutcha a suscité des réactions horrifiées dans le monde entier. La Russie a rejeté toute responsabilité. Grâce à la propagande de Vladimir Poutine, le Kremlin a pu convaincre son propre peuple qu'il n'y avait pas de cadavres de civils dans cette ville, ou qu'il s'agissait simplement d'acteurs. Mais à l'avenir, le président russe souhaite sans doute éviter que des massacres sanglants comme celui de Boutcha ne soient mis en lumière.

Selon le conseil municipal de Marioupol, les crématoriums sont entretenus par des collaborateurs de l'envahisseur. Des témoins oculaires rapportent ainsi que les Russes auraient intégré des habitants de la République populaire autoproclamée de Donetsk dans des brigades de nettoyage. Ces dernières ramasseraient ensuite les corps dans les rues de Marioupol, les emmèneraient aux fours crématoires et les y brûleraient.

Le chef de la brigade serait le maire autoproclamé de Marioupol, Kostiantyn Ivashchenko. «Pendant de nombreuses années, lui et ses collaborateurs ont tenté à plusieurs reprises de s'emparer du pouvoir, mais au final, il n'a réussi qu'à devenir directeur du crématorium de Marioupol», écrit le conseil municipal à ce sujet.

130'000 civils bloqués à Marioupol

Selon le maire officiellement élu de la ville, Vadym Boytchenko, l'Europe n'avait pas vu une telle tragédie depuis les camps de concentration nazis. «Les Russes ont transformé toute notre ville en camp de la mort. Ce n'est plus la Tchétchénie ou Alep. C'est le nouvel Auschwitz», écrit l'homme de 44 ans sur Facebook. Selon lui, le monde doit aider à punir les auteurs, aux ordres de Poutine.

Environ 400'000 personnes vivaient dans la ville, dont certaines avaient déjà pu fuir l'invasion russe. Selon des estimations basses, 5000 civils ont déjà été tués à Marioupol. Mais compte tenu de la taille de la ville, de la destruction catastrophique et de la durée du blocus, il se pourrait que plus de 10'000 civils aient déjà été victimes des envahisseurs. Actuellement, environ 130'000 civils se trouveraient encore à Marioupol, bloqués par les assaillants russes.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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