Seul face au mur
Dans l'impasse de Rafah, Netanyahu joue sa survie politique

Benjamin Netanyahu fait face à une crise internationale croissante depuis le lancement de l'offensive à Rafah. Mais ni ses alliés, ni les familles des otages ne semblent capables de ralentir le Premier ministre israélien dans son élan mortifère.
Publié: 14.02.2024 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 14.02.2024 à 07:50 heures
Avec une offensive terrestre à Rafah, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pourrait enterrer sa propre carrière politique.
Photo: keystone-sda.ch
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Chiara Schlenz

Les espoirs d'une trêve dans un avenir proche à Gaza s'amenuisent. Israël menace de lancer une offensive terrestre dans la ville de Rafah, près de la frontière avec l'Egypte. Pour de nombreux alliés occidentaux, il s'agit là de la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Alors que le Hamas dénombre 30'000 Palestiniens tués depuis le début de la riposte aux attentats du 7 octobre, la colère internationale gronde contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Ces derniers jours, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, entre autres, ont demandé avec insistance à Benjamin Netanyahu de mettre un terme aux combats. Sans succès. Le Premier ministre est-il en train de perdre à Rafah le peu de soutien international qu'il lui restait?

Les alliés internationaux se retirent

L'acharnement de Benjamin Netanyahu irrite certains chefs d'Etat. Le président américain Joe Biden a déjà perdu patience. Lors de conversations privées, il a notamment traité le Premier ministre israélien de «trou du cul», comme l'ont déclaré trois témoins à NBC News. Joe Biden a même annoncé qu'il voulait lui «faire vivre l'enfer».

Lundi, le gouvernement britannique a imposé des sanctions à quatre colons accusés de violences contre des Palestiniens. Un tribunal néerlandais a décidé d'interdire l'exportation de pièces d'avions de combat F-35 vers Israël. Les Pays-Bas craignent qu'ils ne soient utilisés à Gaza pour commettre des crimes de guerre. Le gouvernement égyptien menace de suspendre le traité de paix avec Israël. La plainte de l'Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice, qui accuse Israël de génocide, vient également compliquer les choses.

L'enjeu est trop important pour Netanyahu

Mais Netanyahu ne se débine pas. Pour lui, l'enjeu est trop important. Steffen Hagemann, ancien directeur du bureau israélien de la fondation Heinrich Böll, explique à Blick: «Rafah est le troisième bastion du Hamas dans la bande de Gaza. C'est là que l'on soupçonne le personnel dirigeant ainsi que de nombreux combattants du Hamas.» 

Et d'une victoire, Netanyahu en aurait besoin de toute urgence: «Il a promis de vaincre le Hamas et n'a pas pu atteindre cet objectif jusqu'à présent. En annonçant une opération militaire à Rafah, il veut rallier la population à sa cause et cette guerre qui durera encore longtemps.»

Mais «la méfiance à l'égard de Netanyahu est grande». Selon «The Guardian», sa carrière politique prendra fin en même temps que la guerre à Gaza. Il n'aura vraisemblablement pas de soutien pour un nouveau mandat. Les experts doutent que l'offensive à Rafah puisse assurer sa survie politique.

Plus personne ne croit que Netanyahu atteindra ses objectifs, observe Steffen Hagemann. «D'autre part, les familles des otages font pression et exigent que la libération des otages soit également une priorité dans le cadre d'un accord avec le Hamas.»

Israël ne parvient pas à sauver les otages

En plus de quatre mois de combats, l'armée israélienne n'a sauvé que trois otages – soit le même nombre que ceux qui ont été tués par l'armée israélienne en essayant de les libérer. La grande majorité des otages libérés ont été rachetés dans le cadre de négociations avec le Hamas. Plus de 100 ont été libérés au cours d'une trêve d'une semaine l'année dernière. Il a été confirmé que plus de 30 otages sont morts en captivité et on craint désormais pour la vie d'au moins 20 autres.

Lundi, Netanyahu a célébré la libération de deux otages israéliens de Rafah comme une victoire d'étape contre le Hamas. Le fait que l'action de libération des militaires israéliens ait également coûté la vie à 67 civils palestiniens à Rafah n'est pas pris en compte par le chef d'Etat israélien. Pour Netanyahu, cela a visiblement valu la peine.

Près de 1,5 million de Palestiniens en danger de mort

L'intervention de l'armée israélienne lundi donne un avant-goût de ce qui attendrait les Palestiniens de Rafah en cas d'offensive terrestre. Car les troupes de Netanyahu doivent anéantir le Hamas – quel qu'en soit le prix.

Et il sera cher, ajoute Steffen Hagemann. En tout cas, si l'on compte en vies humaines. Plus d'1,3 million de civils palestiniens déplacés ont trouvé refuge à Rafah pour fuir la guerre. L'Egypte a certes ouvert le poste-frontière de Rafah à l'aide humanitaire, mais les Palestiniens ne peuvent pas se réfugier en Egypte. Ils sont dos au mur.

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