Lors de son premier mandat déjà, le président américain Donald Trump avait émis le souhait d'acheter Groenland. Et, alors que son retour à la Maison-Blanche approche, le républicain refuse de lâcher l'affaire et accentue la pression sur le Danemark pour qu'il cède la plus grande île du monde aux Etats-Unis.
Son fils Donald Trump Jr. s'est même au Groenland en «touriste» afin de «s'amuser un peu», comme l'a rapporté lundi soir la chaîne américaine Fox News. Une information confirmée par le principal intéressé qui a posté deux photos sur X, tout en commentant: «Le Groenland est magnifique!»
Le père s'est pour sa part fendu d'une publication sur son réseau Truth Social au ton tout aussi dithyrambique: «Le Groenland est un endroit incroyable, et les gens là-bas en profiteront énormément (...) dès qu'il fera partie de notre nation», avant de réitérer sa volonté d'annexer l'île, lors d'une conférence de presse au ton très provocateur.
Mais pourquoi cet île glaciale intéresse-t-elle tant le futur président? Certes, le Groenland jouit d'une position stratégique dans l'Atlantique Nord qui le rend intéressant. Mais quelle est réellement sa valeur économique? Son achat constituerait-il vraiment une «opération immobilière» rentable, comme Trump l'avait formulé lors de son premier mandat?
57'000 personnes sur 2,2 millions de kilomètres carrés
A première vue, le Groenland semble peu attractif. En effet, seules 57'000 personnes vivent sur cette île connue pour son climat polaire défavorable de l'île. Sur le plan purement économique, le produit intérieur brut s'élevait 3,2 milliards de dollars en 2021. A titre d'exemple, le Vermont, l'Etat américain faible économiquement jouissait d'un PIB de 36 milliards de dollars la même année.
Une économie de marché au sens le plus pur n'est doncau Groenland. Et pour cause. Sa faible population et son immense superficie – 2,17 millions de kilomètres carrés, soit plus de 50 fois celle de la Suisse – rendent tout bonnement impossible l'avènement d'une économie régie par l'offre et la demande, et ce dans de nombreux secteurs.
Conséquence: le territoire, dont le gouvernement régional siège à Nuuk, vit sous perfusion de sa mère patrie danoise, qui le soutient à hauteur de quelque 500 millions de dollars chaque année. Les tâches importantes, comme le commerce de détail, l'aviation ou encore la location de logements, elles sont assumée par pas moins de 14 entreprises d'Etat.
D'immenses gisements de matières premières sous la glace
Mais l'île ne manque pas d'atouts pour autant. En effet, le Groenland regorge d'énormes gisements de matières premières, figés sous sa glace. On y trouve notamment de grandes quantités d'or, de platine, de cuivre et de fer. S'y ajoutent des rubis, des diamants, ainsi que des terres rares, nécessaires à la construction d'accumulateurs et dont l'extraction est aujourd'hui dominée par la Chine sur le marché mondial.
Le réchauffement climatique pourrait en outre créer de nouvelles routes maritimes rentables dans l'océan Arctique. Il est toutefois clair que même avec le changement climatique, les conditions d'exploitation minière et de navigation au large du Groenland ont vocation à rester extrêmement difficiles.
«Quand il fait moins 40 degrés et qu'il fait 3 degrés de plus, il ne fait toujours pas chaud», a ainsi déclaré l'expert norvégien Morten Mejlaender-Larsen à la BBC. A cela s'ajoute l'obscurité qui règne pendant des mois entiers en hiver. A tel point que des pays comme la Norvège ou la Russie ont plutôt eu tendance à réduire leurs activités dans l'océan Arctique.
Le Danemark exclut toute vente
La valeur du Groenland ne réside donc pas dans sa puissance économique. Et malgré des coûts annuels élevés, le Danemark a exclu à plusieurs reprises de la vendre l'île de son plein gré.
Mais l'appétit de Trump pour le Groenland semble aussi lié à des raisons plus personnelles. Au cours de son deuxième mandat, le républicain compte bien laisser une empreinte durable. A ce titre, le futur président récemment évoqué l'idée de faire du Canada le 51e État fédéral.
S'il venait à assouvir ses ambitions, Trump suivrait les traces du président Andrew Johnson, qui avait acheté l'Alaska à la Russie en 1867. Les Américains avaient alors payé la somme 7,2 millions de dollars pour s'offrir ce qui est aujourd'hui le plus grand Etat américain.