Les combats en Ukraine se concentrent actuellement dans l’est du pays, dans le Donbass. Une impasse y règne depuis des semaines. Les Ukrainiens ont dans un premier temps réussi à repousser les troupes russes et à reconquérir des territoires. Désormais, ce sont les Russes qui avancent mètre par mètre et annoncent de nouveaux succès.
La ville ukrainienne de Severodonetsk est en grande partie en mains ennemies. Le gouverneur de Lougansk, Sergey Gayday, a écrit sur Telegram que les Ukrainiens ne contrôlaient plus que la zone industrielle. «À ce jour, plus de 90% du territoire de Lougansk est malheureusement occupé par la Russie», ajoute-t-il.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a prédit que ce qui se passerait à Severodonetsk «déciderait à bien des égards du sort de notre Donbass».
Une stratégie pour épuiser les Russes?
Il est impossible de prévoir à quelle vitesse les Russes progresseront, ni même s’ils le feront. Marcel Berni, expert en stratégie à l’Académie militaire de l’EPFZ, analyse la situation pour Blick: «Il est dans la nature des guerres d’être imprévisibles. En ce moment, il fait 'beau temps' pour la conduite de la guerre et les deux parties tentent de déployer des troupes offensives sur le terrain. Le contrôle du Donbass dépend actuellement de la question de savoir qui perd le plus de troupes et de matériel.»
La ville de Severodonetsk, actuellement au centre des offensives russes, n’est pas si importante d’un point de vue stratégique, explique Marcel Berni. Selon lui, Sloviansk et Kramatorsk, qui constituent ensemble la deuxième ligne de défense ukrainienne derrière, sont bien plus cruciales pour le contrôle du Donbass. «Les Ukrainiens savent que ces deux villes ne doivent pas tomber, raison pour laquelle ils essaient de retarder et bloquer les troupes russes à Severodonetsk, afin de les épuiser», précise-t-il.
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«Vladimir Poutine est très patient»
L’avantage des Ukrainiens, c’est qu’ils reçoivent sans cesse des armes neuves et ultramodernes en provenance des pays occidentaux. «Les 100 derniers jours ont montré que les livraisons d’armes occidentales ont permis aux Ukrainiens de retarder de manière décisive les avancées russes, et même de les faire reculer par endroits», explique l'expert de l'EPFZ.
Équipés de leurs nouvelles armes lourdes, les Ukrainiens veulent désormais attaquer de plus en plus directement les formations du front adverse, mais aussi frapper les lignes logistiques et de communication russes sur sol ukrainien.
L’avantage des Russes: «Vladimir Poutine est très patient, affirme Marcel Berni. Il peut attendre des mois et contrôler la société russe bien plus étroitement que nous ne l’imaginons en Occident.» Avant la guerre, il contrôlait plus ou moins 15% du territoire ukrainien. Après plus de trois mois de guerre et d'importantes pertes humaines et matérielles, il ne contrôle actuellement (que) 20% environ.
Trois mois de guerre: un «prélude»?
L'expert de l'EPFZ estime que ces trois premier mois de guerre pourraient ne constituer qu'un prélude pour Vladimir Poutine, une sorte de «work in progress». «C’est pourquoi les Ukrainiens doivent réussir à créer une impasse militaire dans le Donbass. Sinon, Vladimir Poutine pourrait envisager d'attaquer d’autres régions depuis le Donbass après un répit stratégique», estime Marcel Berni.
Jusqu’où le chef du Kremlin ira-t-il géographiquement et en termes d’armement? L'expert en stratégie militaire à sa petite idée à ce sujet: «Vladimir Poutine a réagi à l’annonce américaine de la livraison de lance-missiles multiples à l’Ukraine en menaçant à nouveau l’Occident. Mais je pars du principe qu’il continuera en premier lieu à mener la guerre sur le territoire ukrainien par le biais des frappes conventionnelles et d'attaques de délestage».
(Adaptation par Quentin Durig)