A l'approche de l'hiver, l'Europe craint de trembler de froid. Mais les inconnues liées à la pénurie d'énergie sont loin de se limiter à la saison qui vient. Le manque de gaz ou d'électricité pourrait se faire sentir au-delà du printemps prochain.
C'est du moins l'avis de Ben van Beurden, CEO du géant énergétique Shell. «Je ne pense pas que cette crise se limitera à un seul hiver», a-t-il déclaré ce lundi lors d'une conférence de presse en Norvège. «Il se peut que nous ayons une série d'hivers au cours desquels nous devrons d'une manière ou d'une autre trouver des solutions pour effectuer des économies efficaces», explique-t-il.
Ben Van Beurden estime qu'une solution rapide à la crise énergétique est un «fantasme». Il ajoute: «S'il devait ne plus y avoir de livraisons de gaz russe, la vie serait très difficile». Dans cet ordre d'idée, l'objectif de l'UE est d'être totalement indépendante du gaz russe d'ici cinq ans.
Bénéfices records pour les multinationales
Patrick Pouyanné, PDG de Total, se joint à l'avertissement du patron de Shell. Le haut responsable souligne toutefois qu'il y a suffisamment d'énergie sur la planète pour remplacer le gaz russe.
Ce que les deux chefs d'entreprise ne disent pas en revanche, c'est que leurs entreprises profitent massivement de la menace de pénurie d'énergie en Europe. Grâce à la hausse des prix du gaz et du pétrole brut, elles enregistrent des bénéfices records, tandis que les consommateurs doivent payer toujours plus cher leur essence à la pompe par exemple. Les politiques du monde entier - y compris en Suisse - réclament un impôt sur les bénéfices de crise pour les multinationales du pétrole.
Pendant ce temps, l'économie suisse se prépare à des contingentements de gaz et d'électricité: Grâce à des économies volontaires, le Conseil fédéral espère consommer 15% de gaz en moins l'hiver prochain. Si cela ne suffit pas, les gros consommateurs se verront couper le robinet de gaz.
(Adaptation par Thibault Gilgen)