Russes et Ukrainiens à armes égales
L'Ukraine se dirige-t-elle vers une impasse sanglante?

Le dirigeant russe Vladimir Poutine a sous-estimé l'Ukraine. L'avancée de ses troupes est partiellement à l'arrêt. Alors que les russes prennent délibérément pour cible les civils, une guerre d'usure se profile à l'horizon.
Publié: 23.03.2022 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 23.03.2022 à 17:19 heures
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Dans la banlieue de Kiev, les soldats ukrainiens se préparent avec des armes antichars.
Photo: keystone-sda.ch
Guido Felder

Les envahisseurs russes frappent l’Ukraine avec une brutalité rare. Face à eux: la bravoure et l’endurance des combattants ukrainiens qui défendent les villes encerclées. Après bientôt un mois de guerre, le rapport de force est presque à l'équilibre.

Oleksiy Arestovych, conseiller du chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, a déclaré dimanche que ni les forces russes, ni les forces ukrainiennes n’avaient assez de puissance pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Les lignes de front sont «pratiquement gelées».

Le groupe de réflexion américain «Institute for the Study of War» prédit une «impasse sanglante», qui pourrait durer une semaine ou des mois. Les analystes redoutent une situation dans laquelle il n’y aurait pas de cessez-le-feu ou de trêve, et où les deux belligérants ne pourraient pas non plus modifier sensiblement la situation par leurs attaques.

Les Russes avancent à l’est et au sud

L’expert en sécurité de l’EPFZ Benno Zogg relativise cette analyse: «Le terme 'impasse' résume peut-être actuellement la situation autour de Kiev, mais au sud et à l’est, les troupes russes continuent d’avancer. La ville de Marioupol, au bord de la mer Noire, est assiégée.» Au lieu d’une impasse, Benno Zogg parlerait plutôt d’une «avancée ralentie».

Un équilibre des forces dans la région de Kiev pourrait conduire à une guerre d’usure pour conquérir la capitale, avec de nombreux morts en perspective, estime le conseiller. «Nous observons que les troupes de Poutine tirent maintenant sur les civils et n’hésitent pas à faire des victimes parmi les citoyens.»

Les missiles hypersoniques peu utilisés

Lors de la bataille de Kiev, les armes modernes de Poutine comme ses missiles hypersoniques n’ont pas vraiment joué de rôle important. Benno Zogg commente: «Les Russes misent davantage sur des armes plus classiques comme l'artillerie ou des bombes à sous-munitions, qui permettent de toucher de grandes zones.»

Les armes de précision et les missiles seraient en revanche davantage utilisés pour empêcher les livraisons d’armes en provenance de l’Ouest du pays et pour détruire des installations au sein de cette région de l’Ukraine. Ainsi, plusieurs missiles sont déjà tombés près de la frontière avec la Pologne. Un aérodrome et un atelier de réparation d’avions ont été touchés près de Lviv.

Une trêve est-elle envisageable?

Les experts du think tank américain estiment que la Russie a certainement abandonné ses projets d’encerclement ou d’attaque de Kiev par l’ouest. Elle se préparerait plutôt à bombarder le centre-ville avec des missiles et de l’artillerie lourde.

L'artillerie russe a une portée d’environ 25 kilomètres et l’armée de Poutine est encore trop loin pour attaquer le centre-ville. La tentative des Russes pour traverser la rivière Irpin aurait en effet été repoussée par les troupes ukrainiennes. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les Russes défendent farouchement leurs positions dans cette région: la commune de Brovary, dans la banlieue à l’est de Kiev, est la position parfaite pour faire feu sur la capitale.

Benno Zogg s’attend à ce que les combats durent encore longtemps, même s’il a aussi un peu d’espoir: «Les deux parties sont assez épuisées. Il y a quelques signes encourageants qui pointent vers un cessez-le-feu.»

(Adaptation par Lliana Doudot)

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