Scène forte à la frontière ukrainienne
Quand Ignazio Cassis est rattrapé par l’émotion

En visite en Pologne lundi, le président de la Confédération, Ignazio Cassis, s’est rendu dans un camp de réfugiés non loin de la frontière avec l’Ukraine. Un moment fort en émotions.
Publié: 22.03.2022 à 00:00 heures
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Dernière mise à jour: 22.03.2022 à 16:56 heures
Comme toute la population suisse, Ignazio Cassis est touché par ce qui se passe en Ukraine.
Photo: SND
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

C'est une image rare: Ignazio Cassis s’attendait à une visite émotionnelle en Pologne, mais peut-être pas à ce point-là. Le président de la Confédération se trouvait dans un centre de réfugiés à Chelm, à quelques encablures de l’Ukraine, lorsqu’il a dû prendre quelques secondes pour récupérer de ses émotions.

La raison? L’interprète qui devait lui raconter l’histoire de réfugiés était elle-même Ukrainienne et s’est mise à pleurer trois fois lorsqu’elle devait restituer le récit de vie de ces femmes ayant quitté Dniepr et Marioupol. Lorsque, quelques minutes plus tard, Ignazio Cassis a voulu raconter cet épisode aux membres de la délégation suisse, il a été affecté par la tragédie qui se trame en Ukraine.

Cet épisode a conclu une journée marathon pour le Tessinois. Tôt lundi matin, Ignazio Cassis a été reçu par le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Celui-ci a notamment formulé le souhait que la Suisse confisque les avoirs russes en sa possession et les reverse à la cause ukrainienne. «Il a également demandé que nous livrions des armes, mais je lui ai expliqué que ce n’était pas compatible avec la neutralité suisse», a précisé à Blick Ignazio Cassis.

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«La Suisse a été la plus rapide»

Par la suite, le chef de la diplomatie helvétique s’est rendu à Lublin, dans l’est de la Pologne, pour observer l’acheminement de l’aide humanitaire suisse. «Votre pays a été le plus rapide à nous aider et je vous en remercie», a notamment déclaré un représentant du Ministère local des Affaires étrangères. Ignazio Cassis a expliqué que le Conseil fédéral avait acheminé pour 80 millions de francs d’aide humanitaire, mais que la population avait été encore plus loin avec des promesses de don.

Le président de la Confédération a d’ailleurs rencontré par hasard un groupe de citoyens venus de Genève pour acheminer de l’aide humanitaire. «Aujourd’hui, je suis fier d’être le président de la Suisse», leur a déclaré Ignazio Cassis. Le Tessinois a aussi relevé la présence de deux membres du Conseil national, l’UDC Franz Grüter et la socialiste Edith Graf-Litscher, qui atteste de la préoccupation du Parlement quant à la situation en Pologne.

La Suisse a distribué 500 tonnes d'aide humanitaire.
Photo: SND
«J'ai dormi là-dedans!», a plaisanté le conseiller national UDC Franz Grüter.
Photo: SND

Il faut dire que les chiffres livrés quelques minutes plus tard à Dorohusk, un poste-frontière avec l’Ukraine, donnent le tournis: certains jours, ce sont plus de 80’000 personnes qui sont entrées en Pologne, soit l’équivalent de la population de la ville de Lucerne. Au total, plus de deux millions d’Ukrainiens ont transité par le sol du pays voisin.

«C’était mon devoir de venir en Pologne et en Moldavie, dans les pays qui sont directement touchés par cette guerre absurde», a expliqué le président de la Confédération. Ignazio Cassis se dit très affecté par le conflit. «Comme toutes les personnes de ma génération, je ne pensais pas connaître le mot guerre un jour.»

Le président de la Confédération a distribué des Toblerone à des réfugiés.
Photo: SND

La solidarité dont fait preuve la Pologne est saisissante, surtout dans un pays où le salaire moyen s’élève à quelques centaines d'euros. Cet état d'esprit impressionne la socialiste Edith Graf-Litscher (57). La conseillère nationale fait partie de la délégation en tant que membre de la commission de la politique de sécurité. «Nous devons apprendre de cette solidarité, de la force de cette société polonaise qui réfléchit dans son ensemble et non de manière individuelle», a salué la Thurgovienne.

Zelensky, vraiment un ami

Enfin, Ignazio Cassis s’est aussi exprimé sur la polémique née de sa prise de position sur la place fédérale en marge de l’intervention de Volodymyr Zelensky. Certains élus UDC avaient grincé les dents. «Cela s’est fait naturellement. On m’a informé qu’un message allait être diffusé et on m’a demandé si je voulais venir sur la Place fédérale. J’ai décidé de le faire», a expliqué le président de la Confédération. Le Tessinois entretient des relations de longue date avec son homologue ukrainien, raison pour laquelle il l’a appelé «My friend», notamment sur les réseaux sociaux.

La délégation suisse a achevé son intense lundi en Moldavie, où Ignazio Cassis doit rencontrer la présidente Maia Sandu mardi dans la matinée, d’abord pour un tête-à-tête avant une discussion élargie puis une conférence de presse. Une visite d’un centre de transit et d’un centre de réfugiés est encore au programme, avant un retour en Suisse mardi soir.

Ignazio Cassis rencontrera son homologue moldave, mardi.
Photo: SND
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