Impossible de nier que leurs moustaches frémissantes et leur regard irrésistiblement hautain sont à même de liquéfier même le plus glacial des cœurs. Ils sont tellement inoffensifs, ces fauves minuscules, avec leurs petites mitaines dans lesquelles, on l'oublie souvent, se cache un attirail de griffes aiguisées…
Je suis navrée d'assombrir votre image attendrie des chats (j'ai moi-même été contrainte de faire le deuil de mes illusions). Car comme l'a rappelé le «Washington Post», suite à la mésaventure d'une de ses journalistes, une simple morsure de Mistigri peut nous expédier tout droit vers les urgences.
En plein cat-sitting, Marti Trgovich raconte effectivement avoir été mordue par le matou, dont les incisives ont laissé d'innocentes «ponctions» à la surface de sa main. «J'étais sûre que ce n'était rien, admet-elle. Donc, le lendemain après-midi, quand ma main est devenue rouge et gonflée, j'ai pensé que je me faisais des idées.»
Quelques heures plus tard, la journaliste file aux urgences et s'entend répondre que sans traitement, la blessure aurait pu s'avérer mortelle.
Un risque d'infection sévère
Noémie, Romande de 35 ans, a malheureusement vécu une expérience similaire il y a quelques années: «Je tenais notre chat dans mes bras quand un chien m'a sauté dessus, nous raconte-t-elle. Notre chat a pris peur et en voulant se dégager de ma prise pour s'enfuir, il m'a mordu et griffé le bras. Je n'ai pas tout de suite réalisé l'ampleur des plaies, j'étais en état de choc.»
Malgré les premiers soins réalisés par la jeune femme, ses blessures se sont rapidement aggravées: «Le jour suivant, sur le conseil de mes proches, je suis allée voir un médecin qui m'a immédiatement prescrit des antibiotiques.»
Avec 1,9 million de chats domestiques sur le territoire suisse, ce type de récit est loin de constituer une exception. Au Centre de la main du CHUV, à Lausanne, les spécialistes y sont habitués et traitent ce genre de blessure environ chaque semaine:
«Les morsures de chat peuvent causer des infections sérieuses, car ces animaux ont des dents suffisamment longues pour pénétrer sous la peau et y déposer des germes en profondeur, nous expliquait le Dr. Wehrli, médecin cadre au Centre de la main, dans un précédent article. Lorsque la dent du félin se retire, les bactéries restent au fond, comme du venin. Ce genre de plaie peut évoluer très vite vers une infection sérieuse.»
Ne jamais hésiter à consulter
Ainsi, une douleur qui augmente rapidement, une ligne rouge apparaissant le long du bras, un rougissement, un gonflement ou des fourmillements justifient une consultation en urgence. «Pour éviter ces blessures, il est généralement recommandé de ne jamais séparer des chats en pleine confrontation ou de toucher un animal qu'on ne connaît pas», avait notamment ajouté le spécialiste.
Or, comme l'atteste le cas de Noémie, ce phénomène peut également être provoqué par notre propre chat, surtout s'il est effrayé ou paniqué. Il est donc important de savoir que, d'après une étude réalisée par Mayo Clinic, 1 morsure de chat sur 3 requiert carrément une hospitalisation. Certaines d'entre elles nécessitent aussi une opération, dédiée à nettoyer la plaie en profondeur afin de retirer les bactéries qui s'y sont logées.
Ce n'est pas le cas, contre toute attente, des blessures causées par les chiens, pour lesquelles un traitement suffit quasiment toujours. «Même si les morsures de chien sont plus communes, elles s'infectent moins souvent, car les dents des chiens sont moins acérées que celles des chats», précise Julien Gaillard, chef de l'unité de chirurgie orthopédique à l'hôpital américain de Paris, auprès du «Washington Post». Et cela, même si le même type de bactérie (Pasteurella Multocida) est généralement présente sur les dents des deux espèces.
Les chats ne communiquent pas comme nous
Sans se mettre à automatiquement rebrousser chemin dès que la silhouette gracile d'un chat se dessine à l'horizon, il est essentiel de comprendre que nos charismatiques moustachus n'ont pas le même fonctionnement que nous… et qu'il est plutôt facile de les énerver ou de les effrayer. Même si on les connaît bien!
«Si le chat n'entre pas tout de suite en interaction avec vous, ne partez pas du principe qu'il en a envie», recommande Carlo Siracusa, professeur associé à l'École de médecine vétérinaire de Pennsylvanie, toujours auprès du média américain.
D'après lui, les chats apprécient le contact social, mais estiment qu'il est impoli de les faire durer: «Quand les interactions se prolongent, ils le perçoivent comme une agression et deviennent de plus en plus nerveux.» Ce n'est donc pas totalement leur faute, les pauvres!