Face à une contre-offensive ukrainienne lente et les craintes d'une baisse du soutien occidental à l'Ukraine, il s'agit aussi de montrer à la Russie qu'elle «ne doit pas compter» sur la «lassitude» de l'Union européenne, a expliqué la ministre française Catherine Colonna.
«Je convoque aujourd'hui les ministres des Affaires étrangères à Kiev, première réunion de tous les 27 pays membres en dehors de l'UE», a annoncé le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell sur X (anciennement Twitter), se félicitant de cette «réunion historique» en Ukraine, «pays candidat et futur membre».
Une rencontre «informelle»
Josep Borrell a cependant précisé qu'il s'agissait d'une rencontre «informelle» qui «n'a pas pour but d'aboutir à des conclusions et à des décisions concrètes».
En recevant ses homologues, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a salué la tenue de la réunion à Kiev, soit «à l'intérieur des futures frontières de l'Union européenne», selon lui.
«Nous sommes profondément heureux d'accueillir ici, à Kiev, le Conseil des affaires étrangères de l'UE, mes amis, mes collègues», a-t-il déclaré.
L'Ukraine ambitionne depuis des années d'intégrer l'UE et s'est vu accorder en juin 2022 le statut de candidat à l'adhésion, un geste hautement symbolique sur fond d'invasion russe, bien qu'aucun calendrier n'ait été avancé.
Un objectif «réaliste»
Pour passer à l'étape suivante, qui consiste à ouvrir des négociations, la Commission européenne a défini sept critères de référence pour Kiev, dont la lutte contre la corruption et des réformes judiciaires.
La question des exportations agricoles ukrainiennes, objet d'un conflit avec les pays européens frontaliers - dont la Pologne - qui ont mis en place des restrictions unilatérales malgré le désaccord de la Commission, est aussi un sujet sensible pour toute adhésion future.
La nouvelle ambassadrice de l'UE en Ukraine, Katarina Mathernova, a estimé qu'une adhésion de Kiev en 2030 était un objectif «réaliste» dans une interview à un média ukrainien publiée vendredi.
La réunion de lundi à Kiev est un «geste diplomatique exceptionnel», a souligné Catherine Colonna, qui a expliqué que l'UE veut témoigner de son «soutien résolu» et «durable» à l'Ukraine «jusqu'à ce qu'elle puisse l'emporter» face à Moscou.
Il s'agit de montrer «que l'Ukraine fait partie de la famille européenne» et de «donner aussi à la Russie le message qu'elle ne doit pas compter sur notre lassitude», a souligné Catherine Colonna. «Nous serons là pour longtemps», a-t-elle promis.
Cette rencontre se tient au moment où des craintes émergent quant à la pérennité du soutien occidental à l'Ukraine, qui dépend des livraisons d'armes et de l'aide financière des Européens et des Etats-Unis.
A Washington, un accord d'urgence conclu par le Sénat ce weekend pour éviter une paralysie de l'administration fédérale a laissé de côté du budget l'aide à l'Ukraine, qui devra faire l'objet d'un projet distinct à voter.
Le président américain Joe Biden a ensuite promis que les Etats-Unis «n'abandonneraient pas» l'Ukraine, et Kiev a annoncé «travailler» avec son principal soutien militaire et financier pour que cette situation «n'empêche pas le flot de l'aide».
Mission du FMI
En Europe, la Slovaquie a élu samedi un parti populiste qui s'oppose à la poursuite de l'aide à l'Ukraine. Kiev a sobrement dit lundi «respecter le choix du peuple slovaque» et jugé qu'il était trop tôt pour prédire les conséquences.
Autre source d'aide pour l'Ukraine, une mission du Fonds monétaire international (FMI), la première en trois ans, s'est rendue à Kiev pour discuter d'un programme de 15,6 milliards de dollars, a annoncé le Premier ministre Denys Chmygal.
Sur le front, où l'Ukraine mène depuis juin une difficile contre-offensive, les bombardements se sont poursuivis lundi.
Quatre personnes ont été blessées à Kherson et deux autres à Orikhiv, dans le Sud, selon les autorités régionales.
Quatre drones explosifs russes ont été abattus au cours de la nuit, selon l'armée ukrainienne.
Les services de renseignements ukrainiens ont de leur côté revendiqué une attaque au drone sur une usine de production de missiles à Smolensk, en Russie, à plus de 600 kilomètres de la frontière.
(ATS)