La Confédération devrait s'engager pour un accès équitable aux vaccins et aux médicaments, selon l'organisation de défense des droits humains. «Amnesty International critique la position de la Suisse en faveur des grandes entreprises pharmaceutiques et qui empêche une production mondiale et décentralisée», a déclaré la section suisse à Keystone-ATS, suite à la publication du rapport.
«Les gouvernements - et donc la Suisse aussi - ont le devoir de veiller à ce que tous les pays puissent partager les résultats de la recherche scientifique et avoir accès aux vaccins et aux médicaments qui permettent de lutter contre le Covid-19», a-t-elle également ajouté.
Inégalités dans l'accès au vaccin
À ce jour, 6,52 milliards de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, mais seuls 2,5 % de la population des pays en développement ont reçu au moins une dose, écrit Amnesty International dans son rapport. Par le biais d'une campagne lancée en septembre, l'organisation appelle les États et les entreprises pharmaceutiques à livrer deux milliards de doses de vaccin aux pays en développement d'ici à la fin de l'année.
C'est dans la même optique que l'organisation (aux côtés de Public Eye) avait lancé une pétition en mai dernier, demandant au Conseil fédéral de s'engager pour un accès équitable aux vaccins et médicaments contre le Covid-19.
Le texte visait à lever temporairement la propriété intellectuelle sur les brevets. L'objectif: faciliter la production de traitements, notamment dans les pays du Sud. Selon l'organisation, plus de cent pays soutiennent la pétition, et la Suisse est l'un des rares pays riches à vouloir conserver la protection des brevets.
Qualité d'information atteinte
Dans son rapport, Amnesty International met en lumière «l'impact dévastateur» des attaques à la liberté d'expression «imputables aux gouvernements». Elle souligne qu'un nombre important de journalistes et de professionnels de la santé ont été victimes de censure et de sanctions dans le monde. La conséquence? De nombreuses personnes n'ont pas eu accès à des informations sur le Covid-19, ou ont été mal informées.
Plus encore, près de cinq millions de personnes sont décédées sur fond de pandémie, et «le manque d'information a sans doute été un facteur contributif», analyse Rajat Khosla, directeur des recherches, du plaidoyer et de la politique à Amnesty International.
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Attaques d'ampleur mondiale
En guise d'exemple, l'organisation pointe notamment du doigt la répression de l'information par le gouvernement chinois. Alors qu'ils tentaient de lancer l'alerte dès décembre 2019, des journalistes et professionnels de la santé ont été «pris pour cible». En février 2020, plus de 5'000 enquêtes pénales avaient été ouvertes pour invention et diffusion de fausses informations.
Autres exemples donnés: la «position de déni» adoptée par le gouvernement tanzanien face au coronavirus, ou encore le cas russe. Le pays a en effet étendu sa loi sur les fausses informations en avril 2020, prévoyant de nouvelles sanctions pénales pour «la diffusion publique de fausses informations en connaissance de cause» en situation d'urgence.
Le rôle déterminant des réseaux sociaux, et notamment leur gestion par les entreprises s'impose aussi comme un point déterminant du rapport d'Amnesty International. Cette dernière a appelé à un remaniement du «modèle économique destructeur des géants de la technologie, l’une des causes profondes de la diffusion de la mésinformation et de la désinformation sur Internet.»
(ATS)