Après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, les femmes ont des raisons de craindre de lourdes restrictions de leurs droits fondamentaux.
Les régions conquises ces derniers mois offrent un aperçu de ce à quoi une société sous les jihadistes pourrait ressembler. En juillet, des écoles qui dispensaient un enseignement aux filles dans des régions contrôlées par les talibans ont reçu des menaces de morts de la part du groupe islamiste. «Nous avons reçu des lettres avec des timbres et des signatures des talibans, nous intimant de ne plus autoriser des filles à assister aux cours», raconte une élève de la ville de Herat.
Dans une école voisine, des linceuls brûlés ont été placés devant la porte. À côté d’eux se trouvait une lettre: «Si une fille continue à oser aller à l’école, voici ce qu’elle portera dans un avenir proche.»
La peur de la vengeance
Un porte-parole des talibans a pourtant déclaré vendredi que les femmes seraient toujours autorisées à aller à l’école et à travailler. Mais les experts sont convaincus que ce ne sera guère le cas. «Les talibans sont en colère parce que les femmes ont obtenu plus de pouvoir au cours des vingt dernières années. Maintenant, ils peuvent se venger», déclare à la chaîne américaine NBC Fausia Kufi, femme politique et militante.
De nombreuses femmes craignent pour leur vie. «Mes yeux sont gonflés de larmes», raconte une militante à CNN. Elle dit avoir peur des talibans et des restrictions imposées aux femmes. «Je crois que je n’ai plus de larmes en moi, j’ai tellement pleuré.»
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Roya Afshar, un médecin de la capitale Kaboul, raconte au journal allemand «Der Spiegel» qu’elle se cache chez elle depuis plusieurs jours. «Je devrais aller travailler aux urgences, mais je ne peux pas. Chaque fois que je sors, je suis menacé par des appels qui me disent: 'Tu ne devrais pas sortir, tu n’as pas le droit'.»
«Calme trompeur»
Dans la plupart des régions contrôlées par les islamistes, les filles ne sont autorisées à aller à l’école que jusqu’à l’âge de douze ans. Selon le magazine américain «Time», elles sont également tenues de porter le voile intégral en classe. La majeure partie du temps passé en classe est consacrée à l’étude du Coran.
Il règne un «calme trompeur» en Afghanistan, écrit «Der Spiegel». À maintes reprises, les talibans se sont montrés faussement progressistes au cours des derniers mois, mais cette impression est trompeuse. «Dès qu’ils auront pleinement consolidé leur pouvoir sur le pays, rien ne les empêchera d’imposer à nouveau toutes leurs idées par la force», écrit le magazine.
Pour les femmes, cela signifiera le voile intégral, une éducation limitée, des libertés fortement réduites. Elles ne seront autorisées à quitter la maison qu’en compagnie d’un homme. Les femmes qui ne suivent pas les règles strictes de la charia risquent d’être battues en public ou tuées.
Les talibans menacent les infirmières
À Kunduz, une ville du nord-est de l’Afghanistan, les guerriers sont au pouvoir depuis plus d’une semaine. Les résidents rapportent au New York Times que des points de contrôle ont été mis en place dans toute la ville.
Il y a des hommes armés partout, même dans les hôpitaux. «Les talibans ont appelé le personnel et leur ont intimé de retourner au travail sous peine d’être abattus», explique un habitant. Les infirmières, dit-il, ont mis un voile intégral par peur des guerriers saints. «Ils se promènent avec des armes à feu même dans les couloirs de l’hôpital», dit une infirmière.
Les femmes fonctionnaires doivent rester à la maison
L’ambiance dans la ville est toujours calme mais tendue, dit-elle. «Nous avons reçu l’assurance que nous ne serons pas attaqués. Les talibans n’ont tué personne jusqu’à présent», déclare un fonctionnaire du gouvernement. «Mais les gens ont tous peur. Personne ne sait ce qui va arriver.»
Après une semaine au pouvoir, dit-il, le nouveau maire a ordonné que l’alcool ne puisse plus être vendu. Il n’a pas vu de femmes fonctionnaires au travail. Le maire leur a ordonné de rester chez elles.