Le président russe Vladimir Poutine est en colère. Dans un discours retransmis à la télévision et adressé aux ministres du gouvernement, il déclare que la Russie atteindra ses objectifs en Ukraine. Il affirme aussi que l’Occident prévoit d’obtenir une domination globale et qu'il souhaite «démembrer» la Russie.
Poutine ne veut pas entendre parler d’une potentielle perte de vitesse de ses troupes en Ukraine. Dans son discours, il affirme que «l’opération spéciale de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine» se «développe avec succès». Actuellement, des pourparlers de paix sont en cours entre l’Ukraine et la Russie. Un optimisme prudent régnait récemment quant à la fin de la guerre. Du moins du côté ukrainien.
«Le format actuel est le seul possible».
Les opérations militaires «seront menées jusqu’au bout», a continué le Président russe. «Le format actuel est le seul possible». Ces propos ressemblent malheureusement davantage à une poursuite de la guerre qu'à un apaisement.
Poutine explique en outre que ce qu’il vend comme une opération spéciale en Ukraine se déroule «comme prévu». Il cite de prétendues expériences en Ukraine visant à fabriquer des armes de destruction massive en guise de nouveau prétexte. Avec l’aide des Etats-Unis, l’Ukraine mènerait «des expériences sur la peste porcine africaine, le choléra et le coronavirus» et tenterait de fabriquer des armes biologiques.
Au lieu de parler des morts, Poutine évoque l’économie russe chancelante. Les sanctions occidentales causent de gros dommages à la Russie, mais le chef du Kremlin insiste sur le fait que la Russie peut y résister.
Comparaison entre Occident et IIIe Reich
Il rejette la faute sur l’Occident. Il annonce que l’inflation et le chômage vont augmenter et que des changements structurels sont nécessaires dans l’économie.
Il affirme que le conflit n’était qu’un prétexte pour que l’Occident impose ces sanctions. Il déclare ainsi: «L’Occident ne prend même pas la peine de cacher que son objectif est de nuire à l’ensemble de l’économie russe, à chaque Russe». Selon lui, les Russes sont victimes de harcèlement à l’étranger. «Cela rappelle les pogroms des juifs du troisième Reich».
Les Russes pro-occidentaux sont «des ordures et des traîtres».
Poutine appelle également à punir les Russes qui se tournent vers l’Occident. Il qualifie les Russes pro-occidentaux de «racaille et de traîtres» qui doivent être éliminés de la société.
«Je ne condamne pas ceux qui ont une villa à Miami ou sur la Riviera française et qui ne peuvent pas vivre sans huîtres, sans foie gras ou sans les soi-disant libertés de genre», a-t-il expliqué. «Le problème n’est pas là. C’est que nombre de ces personnes se trouvent justement là-bas sur le plan spirituel et pas ici, pas avec notre peuple, pas avec la Russie».
Ce discours est une «approbation de l’oppression de masse».
Tatjana Stanowaja, experte de la Russie et fondatrice de la société d’analyse politique R. Politik, a déclaré après le discours au «New York Times» que Poutine était en train de signaler aux autorités du pays les cibles à atteindre. «Tous les secteurs de la société qui montrent de la sympathie pour le mode de vie occidental sont visé», assure-t-elle.
«Ce discours était en partie une approbation informelle et indirecte de la répression de masse», dit-elle. Et de conclure: «Son discours était effrayant, très effrayant».
(Adaptation par Thibault Gilgen)