Pas si neutres que ça
Des «jurés espions» vont-ils saboter le procès de Trump?

Les douze jurés chargés de statuer sur le procès de Donald Trump dans le cadre de l'affaire «Stormy Daniels» ont finalement pu être sélectionnés. Mais la crainte subsiste que des personnes aux intentions malhonnêtes se trouvent parmi eux.
Publié: 19.04.2024 à 17:01 heures
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Dernière mise à jour: 20.04.2024 à 10:26 heures
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Les douze jurés ont finalement été sélectionnés.
Photo: AFP
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Denis Molnar

Une étape importante a été franchie pour que les plaidoiries d'ouverture dans le procès pour abus de confiance de Donald Trump puissent éventuellement commencer dès lundi. A New York, après plusieurs jours d'entretiens, le procureur, la défense et le juge Juan Merchan se sont mis d'accord sur douze jurés. Il manque maintenant six candidats de remplacement au cas où l'un d'entre eux ferait défaut.

La sélection du jury s'est avérée difficile. Deux membres, qui avaient déjà été désignés mardi, ont été libérés jeudi. Une femme craignait que son identité ne soit rendue publique. Pour un autre homme, des doutes planaient sur la crédibilité de certaines de ses déclarations.

Les jurés pourraient poursuivre des motifs personnels

Mais même si le jury, choisi en toute conscience, est désormais constitué, une crainte subsiste aussi bien chez le procureur que chez les défenseurs de l'ancien président américain: et si les jurés étaient des «stealth jurors», en français des «jurés espions»? Il se pourrait en effet que ceux-ci poursuivent des motifs personnels et se soient déjà fait leur opinion à l'avance.

Cette crainte est partagée par l'avocate new-yorkaise Colleen Kerwick. Dans le «Newsweek», elle déclare que «les candidats pourraient dissimuler leurs intentions lors des interrogatoires afin de s'assurer une place dans le jury et d'influencer le procès». L'expert juridique américain Stephen Duffy aussi décrit son inquiétude à «The Independent»: «Je n'ai absolument aucun doute sur le fait que dans le pool de candidats au jury, il y en a qui veulent absolument faire partie du jury.» Selon lui, il s'agit de candidats qui sont d'emblée pour ou même contre Trump.

Afin d'identifier de tels jurés espions, toutes les parties font appel, lors de procès de cette ampleur, à une armée d'enquêteurs qui passent au crible les candidats au jury et fouillent dans leur passé. Car au final, le verdict doit être rendu à l'unanimité. S'il n'y avait qu'un seul vote divergent, le procès de Trump serait mis en échec et s'achèverait sans jugement.

Pas de neutralité totale possible

Une chose est sûre: on ne peut pas s'attendre à une neutralité totale. Presque tout le monde a déjà entendu parler de Trump au cours des dernières années et s'est fait des idées sur le probable candidat républicain aux élections présidentielles américaines de novembre 2024. «Nous ne nous attendons pas à ce que vous ayez vécu sous une pierre au cours des huit ou des trente dernières années, a déclaré le procureur adjoint Joshua Steinglass à un groupe de jurés potentiels le 16 avril. Mais concentrez-vous sur les preuves.»

En 2016, peu avant son élection à la présidence, Trump a fait verser 130'000 dollars américains à l'actrice porno Stormy Daniels en échange de son silence. Celle-ci avait affirmé avoir eu des relations sexuelles avec lui. Trump nie toute liaison, mais pas le versement de l'argent. Les accords de silence entre deux parties ne sont pas fondamentalement illégaux. Il est toutefois reproché à Trump d'avoir comptabilisé les paiements de manière illégale, d'avoir tenté de les dissimuler et d'avoir voulu couvrir d'autres violations de la loi. 

(avec ATS)

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