Il risque la prison
Le premier procès pénal de Donald Trump s'ouvre lundi

Le premier procès pénal de Donald Trump s'ouvrira lundi. L'ex-Président est accusé d'avoir dissimulé un versement de 130'000 dollars à l'ancienne star du X Stormy Daniels, pour qu'elle garde le silence sur une relation sexuelle.
Publié: 12.04.2024 à 07:51 heures
Une vieille affaire de paiements pour éviter un scandale sexuel fera-t-elle dérailler la campagne présidentielle de Donald Trump? Pour la première fois dans l'Histoire, un ancien président des Etats-Unis est attendu lundi sur le banc des prévenus où il risque une peine de prison.
Photo: keystone-sda.ch

Une vieille affaire de paiements pour éviter un scandale sexuel fera-t-elle dérailler la campagne présidentielle de Donald Trump? Pour la première fois dans l'Histoire, un ancien président des Etats-Unis est attendu lundi sur le banc des prévenus où il risque une peine de prison.

Ce procès pénal sans précédent démarre lundi à 9h30 (13h30 GMT) dans un tribunal de Manhattan à New York par la sélection du jury, qui devra dire si le milliardaire républicain de 77 ans s'est rendu coupable ou non de falsification de documents comptables de son groupe immobilier Trump Organization.

Ces faux auraient permis, selon l'accusation, de dissimuler le versement de 130.000 dollars dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016 à une ancienne star de films X, Stormy Daniels, pour qu'elle taise une relation sexuelle survenue dix ans plus tôt avec Donald Trump, que ce dernier dément.

La sélection du jury pourrait prendre une à deux semaines

Pour le procureur de Manhattan Alvin Bragg, élu à ce poste sous l'étiquette démocrate, le coeur de l'affaire «ce n'est pas l'argent et le sexe (...) il s'agit d'une conspiration pour truquer l'élection présidentielle, puis de mensonges dans les documents comptables pour couvrir cela».

Alors que la défense soutient que ces paiements, légaux, répondaient à une tentative d'extorsion, l'accusation entend montrer, témoignages à l'appui, que le camp Trump avait étouffé deux autres scandales avec de l'argent et que les électeurs américains ont été floués lors de la présidentielle de 2016 remportée par le républicain contre Hillary Clinton.

Inculpé il y a un an de 34 chefs d'accusation pour «falsification de documents comptables», punis chacun jusqu'à 4 ans de prison, Donald Trump a plaidé non coupable et dénoncé, comme dans les autres dossiers, une «chasse aux sorcières» pour l'empêcher de retourner à la Maison Blanche.

Le procès va démarrer par la sélection des 12 citoyens de Manhattan qui devront déclarer, au bout des 6 à 8 semaines de débats prévues, Donald Trump «coupable» ou «non coupable». Dans une ville majoritairement démocrate, mais où Donald Trump a bâti une partie de sa fortune, le processus de sélection verra leurs sympathies politiques scrutées pour écarter tout juré partial. Cela pourrait prendre une à deux semaines.

Un dossier «fragile», selon les experts

Le dossier, qualifié de «zombie» parce qu'il était longtemps resté dans les limbes au parquet de Manhattan, a été jugé par des experts comme le plus fragile des quatre affaires pénales qui encombrent la campagne de Donald Trump.

A force de recours de ses avocats et de questions procédurales, les trois autres affaires, portant sur ses tentatives présumées illégales d'inverser les résultats de la présidentielle de 2020 et sur sa gestion de documents classifiés, ont pris du retard et seront difficilement jugées avant l'élection du 5 novembre.

Les conséquences du procès sur un électorat déjà peu enthousiaste à l'idée d'un nouveau duel entre le président sortant Joe Biden, 81 ans, et son adversaire républicain, l'une des figures les plus controversées et clivantes de la politique américaine, sont difficiles à prédire.

«C'est sans précédent que le candidat d'un grand parti soit inculpé et accusé de manière crédible de plusieurs délits différents», résume à l'AFP Hans Noel, professeur de sciences politiques à l'université Georgetown.

Les affaires: un danger relatif pour Trump

D'après plusieurs enquêtes d'opinion, une partie des électeurs américains (32% selon un sondage Ipsos de mars) seraient moins enclins à soutenir Donald Trump s'il était reconnu coupable dans cette affaire.

Mais l'expert rappelle que ses ennuis judiciaires l'ont «aidé auprès de l'électorat républicain» pendant la primaire, en nourrissant «son discours de porte-étendard du peuple, attaqué par les pouvoirs en place».

«Les indécis pourraient être moins convaincus, mais comme nous l'avons vu en 2016 et 2020, de nombreux électeurs qui n'approuvent pas son comportement voteront quand même pour lui», pronostique Hans Noel.

Donald Trump, qui s'est relevé de deux procédures de destitution pendant son mandat à la Maison Blanche, et a été plusieurs fois donné mort politiquement avant de rebondir, a vu les ennuis judiciaires s'accumuler depuis un an. Il a également été condamné au civil à plus d'un demi-milliard de dollars cumulés de dommages et d'intérêts dans une affaire de diffamation d'une ancienne chroniqueuse qui l'accusait de viol, et pour avoir gonflé de manière colossale la valeur des actifs de la Trump Organization.

(AFP)

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