La Deuxième dame est longtemps restée dans l'ombre. Mais aujourd'hui, Usha Vance, l'épouse du vice-président américain J.D. Vance, ose se placer sous les feux des projecteurs et s'attaque à un champ de mines diplomatique. Sa première mission officielle la conduit au Groenland, où elle était attendue vendredi. Son objectif: séduire la soi-disant île des Etats-Unis.
Car si le président américain et le vice-président ont employé la manière forte, Usha Vance utilise la manière douce. Elle appelle systématiquement le Groenland par son nom dans la langue locale, «Kalaallit Nunaat», parle de «respect mutuel» et d'échange culturel. La juriste renvoie aussi une image très différente de la première dame Melania Trump et utilise une approche moins provocatrice de celle du gouvernement américain. A n'en plus douter, cette Deuxième dame jouera un rôle central aux côtés de Trump.
Un changement de cap radical
Il y a encore quelques années, personne n'aurait pensé qu'une femme telle qu'Usha Vance se serait faite la porte-parole de Trump jusqu'au Groenland. D'origine indienne, elle montre une personnalité cultivée, diplomate, et presque douce. Par exemple, dans une vidéo Instagram, elle loue la culture du Groenland, parle de respect, et sur l'étagère derrière elle, on peut apercevoir un livre de l'ex-vice-président Al Gore, un démocrate autrefois engagé pour la protection du climat.
C'est pourquoi son apparition détonne avec celle des femmes habituellement proches de Trump, qui arborent un look clinquant et un charme plastique. Usha Vance, quant à elle, ne porte pas de robe de créateur ni de faux cils mais des chaussures plates, des livres sous le bras et assume ses mèches grises.
Ayant grandi en Californie en tant que fille d'immigrés indiens, Usha Vance a mené une brillante carrière juridique en passant par Yale et Cambridge jusqu'à la Cour Suprême. Dans son ancien cabinet d'avocats, elle était connue pour son engagement envers la diversité ethnique. Politiquement, elle était enregistrée comme démocrate jusqu'en 2014. Puis J.D. Vance est arrivé. L'ancien opposant de Trump – puisqu'il l'a tout de même appelé «l'Hitler américain» – est d'abord devenu fan de l'actuel président, puis sénateur et vice-président à son chevet. Et Usha dans tout ça? Elle a suivi le mouvement. Elle a abandonné sa carrière, endossé le rôle de mère de famille et joue désormais un rôle politique stratégique pour l'administration Trump.
En effet, Usha Vance incarne deux archétypes américains: la fille de parents immigrés exigeants et la carriériste ambitieuse. Deux modèles différents qui ont pourtant séduit des générations de libéraux et de démocrates autour du même mythe: celui du travailleur discipliné, un jour récompensé pour ses efforts et ses sacrifices. Usha Vance a travaillé dur, ce qui lui donne une image très différente de celle de Melania Trump, souvent réduite à son physique et éloignée des projecteurs.
Une main de fer dans un gant de velours
Grâce à son image, la Deuxième dame permet d'humaniser le couple Trump-Vance. Quand son mari grogne, elle reste aimable. Et même si sa politique s'attaque précisément aux valeurs autrefois chères à son cœur – la diversité, l'éducation, l'ouverture d'esprit – Usha soutient son époux. C'est d'ailleurs précisément pour cette raison qu'elle est si stratégique auprès lui, qui en revanche, en bon vice-président, s'enfonce de plus en plus dans la mentalité conservatrice de Trump. Il est la main de fer, et elle le gant de velours. Cette association n'affaiblit pas son mari, au contraire, elle le rend plus présentable. D'ailleurs, son mari a même dit d'elle qu'elle était son «guide spirituel».
Ce n'est donc pas une coïncidence si c'est elle, le doux visage du gouvernement américain, qui se rend au Groenland. Son attitude est stratégique: quand d'autres provoquent, Usha Vance apaise. Reste à savoir si elle subit ce rôle ou si elle en tire profit? Une chose est sûre: ceux qui voyaient en elle une épouse de politicien inoffensive se sont fourvoyés.
En effet, certains signes nous indiquent qu'Usha Vance pourrait jouer un rôle politique encore plus influent. En février déjà, elle s'était rendue aux Jeux olympiques spéciaux de Turin, et aujourd'hui, elle pilote la diplomatie américaine au Groenland. Si elle commence par des missions aussi sensibles, elle pourrait bientôt endosser un rôle officiel au sein de la politique étrangère.
Car il est vrai qu'Usha Vance est un intermédiaire rêvé entre des mondes opposés: l'élite et la classe populaire, la migration et la tradition, ou encore la Californie et l'Ohio. Son voyage au Groenland pourrait donc être plus qu'un coup de communication: il pourrait s'agir en réalité d'un test.