Alors que Donald Trump martèle son envie de mettre la main sur le Groenland, les habitants de l’île arctique s’organisent pour faire barrage à la visite américaine prévue ce vendredi 28 mars. Face à cette hostilité grandissante, la Deuxième Dame, Usha Vance, aurait modifié son itinéraire, ajoutant au passage la venue de son mari, le vice-président J.D. Vance.
Selon le «Telegraph», ce changement de programme découle d’une «opération séduction» qui a tourné au désastre. A l’origine, Usha Vance devait se rendre seule avec son fils pour assister à une course de chiens de traîneau et «célébrer la culture et l’unité groenlandaise». Mais encore faut-il que les Groenlandais y soient favorables, alors que 85% de la population ne veut pas faire partie des Etats-Unis.
Alors, pendant une semaine, des émissaires américains ont arpenté les rues, frappant aux portes pour sonder l’accueil réservé à la Deuxième Dame. Résultat: «L’opération séduction des Américains a échoué», a résumé Jesper Steinmetz, journaliste pour la télévision danoise.
Une série de revers
Pour le présentateur danois, le message des Groenlandais ne pouvait être plus clair: «Ils ont enfin compris ce que les habitants répètent depuis des jours: 'Nous ne voulons pas de visiteurs pour le moment'.» Et ce camouflet n’est que le début d’une série de déconvenues pour la délégation américaine.
A Sisimiut, où doit se tenir la fameuse course, le maire a sèchement décliné toute rencontre avec Usha Vance, invoquant les élections municipales imminentes. Pire encore, une manifestation silencieuse était prévue: les habitants comptaient tourner symboliquement le dos aux représentants américains, rapporte la BBC. A Nuuk, la capitale, une entreprise de tourisme a également retiré son invitation, dénonçant un «agenda caché» derrière la venue d’Usha Vance.
Un itinéraire revu à la baisse
Un désaveu d’autant plus embarrassant que J.D. Vance tentait encore, il y a quelques jours, de donner une image enjouée à cette venue: «Il y avait tellement d'enthousiasme autour de la visite d'Usha au Groenland ce vendredi que j'ai décidé que je ne voulais pas qu'elle s'amuse toute seule et donc je vais la rejoindre.», avait-il déclaré.
Mais les faits parlent d’eux-mêmes: le programme initial a été vidé de sa substance. Plus de célébration culturelle, plus de rencontres communautaires. Seule subsiste une visite de la base de la Force spatiale américaine de Pituffik, dans le nord-ouest du territoire. En plus, aucune mention de la présence du conseiller à la sécurité nationale, Michael Waltz n'est faite dans les nouveaux plans officiels.
La Maison Blanche nie
L’analyste politique Noa Redington résume l’ambiance à la BBC: «L’administration américaine a compris qu’elle se dirigeait vers une catastrophe en termes de relations publiques. Les Groenlandais ne voulaient pas voir Usha Vance, ni aucun autre politicien américain.»
La Maison Blanche, elle, dément tout revirement: «C’est catégoriquement faux. La Deuxième Dame est fière de visiter la base spatiale de Pituffik avec son mari, pour s’informer sur la sécurité dans l’Arctique et sur l'excellent travail de la base spatiale.»
Mais côté danois, le ton est tout autre. Le ministre des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen a salué «une décision très positive» de la part des Vance. Pour lui, ce revirement apparent est en réalité une «manipulation magistrale»: un moyen de désamorcer les tensions sous couvert d’un renforcement symbolique de la visite avec la venue du vice-président. Sur ce coup, David aurait-il fait plier Goliath?