Ce nouvel avertissement intervient après de vastes exercices militaires chinois effectués ces derniers jours autour de l’île, en réplique à la visite à Taipei de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi. Ce voyage a été perçu perçue par la Chine comme une provocation, Washington s’étant engagé à n’avoir aucune relation officielle avec le territoire.
Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un «livre blanc» détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre possession de l’île, notamment via des incitations économiques. «Nous sommes disposés à créer un vaste espace (de coopération) afin de parvenir à une réunification pacifique», indique le document, en forme de main tendue aux autorités taïwanaises. «Mais nous ne laisserons aucune marge de manœuvre aux actions séparatistes ayant pour objectif une pseudo-indépendance de Taïwan, et cela, sous quelque forme que ce soit.»
A lire aussi
Pékin estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). «Nous ne nous engageons pas à renoncer à l’usage de la force», souligne le livre blanc de Pékin, le premier sur ce thème depuis 2000, avant de nuancer son propos. «La force serait utilisée en dernier recours, dans le cas de circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques face aux provocations des séparatistes ou de forces extérieures, si ceux-ci venaient à franchir nos lignes rouges.»
Vers la démocratie
Le livre blanc fait également miroiter la prospérité économique après la «réunification». La Chine propose ainsi de renforcer les liens culturels, en matière de sécurité sociale, de santé ou encore de promouvoir une meilleure «intégration» économique via notamment des «politiques préférentielles». «Avec une patrie forte sur laquelle s’appuyer, les compatriotes taïwanais seront plus forts, plus confiants, plus en sécurité et seront davantage respectés sur la scène internationale», promet le texte.
A partir des années 1980, le régime politique à Taïwan, jadis très autoritaire, a évolué vers la démocratie. Les jeunes de Taïwan, notamment ces dernières années, commencent à développer une identité différente de celle de la Chine continentale. Un phénomène encouragé par le Parti démocratique progressiste (PDP, pro-indépendance) de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016.
Contrairement au gouvernement précédent, Tsai Ing-wen refuse de considérer que Taïwan et la Chine continentale font partie d’une «Chine unique». Une position qui a fortement tendu les relations avec Pékin. La Chine considère comme «séparatiste» le PDP, mais aussi toute personne militant publiquement pour l’indépendance ou pour la dilution de l’identité chinoise des Taïwanais.
Démonstration de force
L’armée de Pékin a conduit ces derniers jours ses plus importants exercices militaires jamais organisés autour de Taïwan. Elle s’est notamment entraînée à un blocus de l’île avec avions, navires et tirs de missiles balistiques. Ces manœuvres devaient se terminer dimanche, mais elles se sont poursuivies lundi et mardi. Aucun organisme chinois ou taïwanais n’a annoncé leur conclusion.
L’armée chinoise a publié mercredi des photos et vidéos des opérations menées la veille. Elles montrent notamment des avions de chasse décoller, filmer le littoral taïwanais ou encore être ravitaillés en vol.
Du côté de Taïwan, l’armée a mené ses propres exercices mardi afin de s’entraîner à l’attaque de l’île. «Toute tentative de s’opposer par la force armée […] à la réunification» est «vouée à l’échec», avait répondu devant la presse un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
(ATS)