Montée du sentiment prorusse
La Slovaquie se détournera-t-elle de l'Ukraine?

Fin septembre, la Slovaquie élira un nouveau parlement. Le risque de voir l'un des plus fidèles soutiens de l'Ukraine se transformer en ami de la Russie est omniprésent. Quelles seront les conséquences pour le pays en guerre?
Publié: 09.09.2023 à 14:05 heures
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Début juillet, la présidente slovaque Zuzana Caputova a accueilli le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

La Slovaquie, qui compte à peine 5,5 millions d'habitants, est l'un des plus grands soutiens de l'Ukraine. Elle a non seulement offert un premier asile à des centaines de milliers de réfugiés, mais a également mis à la disposition l'ensemble de sa flotte d'avions de combat, dont 13 MiG-29, ainsi qu'un système de défense antiaérienne.

Ces livraisons sont compensées par une protection accrue de l'OTAN ainsi que par la République tchèque, la Hongrie et la Pologne, qui assurent la sécurité de l'espace aérien au-dessus de la Slovaquie.

En mai, le ministre slovaque des Affaires étrangères Rastislav Kacer a déclaré peu avant sa démission que son pays avait soutenu l'Ukraine avec du matériel militaire d'une valeur «légèrement inférieure à 700 millions d'euros». Et il a laissé entrevoir une aide supplémentaire. «Nous ne voulons pas de la Russie comme voisine. Et je pense que les prétentions de la Russie ne se limiteront pas à l'Ukraine.»

Le sentiment prorusse monte

Mais aujourd'hui, tout ce soutien au pays voisin attaqué à l'Est menace soudain de s'effondrer. Une montée du sentiment prorusse s'accroît, ce qui devrait avoir des répercussions sur les élections du 30 septembre. Daniel Martinek de l'Institut pour la région du Danube et l'Europe centrale à Vienne déclare à Blick: «Je pense que la formation d'une coalition favorable à la Russie est très probable.»

Un sondage de Globsec avait révélé en juin que c'est en Slovaquie que l'attitude anti-occidentale a le plus augmenté en Europe. Seuls 40% des Slovaques considèrent la Russie comme un agresseur, 34% disent que le Kremlin a été provoqué par l'Occident. 76% sont opposés aux sanctions de l'UE contre la Russie, 69% rejettent l'aide militaire à l'Ukraine.

Les Russes font de la propagande

En avril, le Premier ministre Eduard Heger, qui a entre-temps quitté ses fonctions, a qualifié son pays de «champ de bataille» à Vienne. «Nous avons en Slovaquie une propagande russe qui est très présente.» L'ambassade russe «inonde» le pays de désinformation que les politiques reprennent à leur compte. Il s'agit d'une situation très dangereuse à la veille des élections.

Eduard Heger a lancé de graves accusations contre l'ancien Premier ministre Robert Fico. «Fico, qui a été trois fois Premier ministre, est le porte-parole le plus bruyant de la propagande russe.» Celle-ci représente «un grand défi» pour les partis pro-occidentaux du pays. Le premier ministre slovaque s'e plaint. «Nous avons échangé nos valeurs contre du gaz et du pétrole bon marché.»

Un ami de la Russie en tête

C'est précisément ce Robert Fico qui a de bonnes chances de remporter les prochaines élections. Avec 20%, il était en tête de la liste des sondages de popularité en juillet. Il est à la tête du parti nationaliste SMER-SSD, qui promet expérience et ordre. L'ex-Premier ministre Peter Pellegrini du parti social-démocrate HLAS, qui n'exclut pas une collaboration avec son ancien mentor Fico, se trouve également dans la position de favori.

Robert Fico était Premier ministre pour la dernière fois en 2012. Des manifestations de masse contre la corruption ont eclaté et ont conduit à sa démission du gouvernement. En 2019, le pays a élu une présidente progressiste en la personne de Zuzana Caputova, qui lutte contre la corruption. 

Dépendre des radicaux

Si Robert Fico arrive au pouvoir, il aura besoin, parmi d'autres, du parti nationaliste, voire radical, «République» dans la coalition gouvernementale pour obtenir une majorité. Dans ce scénario, de nombreux observateurs voient tout en noir. «Il est fort possible que des voix prorusses gagnent la majorité au sein de la coalition gouvernementale et suivent la future politique étrangère favorable à la Russie dans le style d'Orban» affirme Daniel Martinek.

Certes, il ne serait question ni d'une sortie de l'UE ni d'une sortie de l'OTAN. Mais le gouvernement slovaque s'efforcerait de rétablir des relations amicales avec la Russie et s'opposerait aux sanctions de l'UE. Selon Daniel Martinek: «Dans ce cas, outre une politique étrangère fortement sceptique vis-à-vis de l'UE et anti-occidentale, il faut notamment s'attendre à la fin ou à une réduction drastique de l'aide militaire slovaque à l'Ukraine.»


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