«Je m'ennuie à la maison»
Un Suisse parti se battre en Ukraine raconte son quotidien

Un Suisse romand de 37 ans, pourtant père de deux enfants, a décidé de rejoindre les rangs des combattants en Ukraine. Dans un entretien donné à la RSF depuis le front, il témoigne de son quotidien.
Publié: 07.09.2023 à 09:07 heures
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Dernière mise à jour: 07.09.2023 à 17:20 heures
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Jérôme en mission sur le front près de Luhansk.
Photo: Screenshot SRF
Roman Neumann

Il est père de deux enfants, Suisse romand, spécialiste dans le domaine du lait et combattant en Ukraine. L'émission «Rundschau» de la SRF s'est entretenue avec celui qu'elle appelle Jérôme et qui témoigne depuis le front en Ukraine.

C'est déjà son deuxième engagement dans la guerre. Dès la fin février, peu après le début de la guerre, il est en contact avec des combattants étrangers via les réseaux sociaux et se rend finalement en Ukraine en septembre, selon «Rundschau».

Là-bas, Jérôme est d'abord formé dans un camp, puis il est engagé dans une unité spéciale sur le front dans la région de Louhansk. C'est là, en novembre, que se produit un incident qui ne l'a toujours pas quitté. Au petit matin, ils traversent un terrain miné. Une mine explose. Un camarade polonais nommé Daniel se fait tuer.

«Il avait beaucoup de débris de mines dans le corps»

Le Suisse est, lui aussi, blessé au visage. Il montre des images de ses blessures à «Rundschau». «Daniel criait de douleur lors de l'évacuation. Nous étions six à essayer de le réanimer. Mais il avait beaucoup de débris de mines dans le corps.»

Le Suisse et ses collègues transportent Daniel, grièvement blessé, jusqu'à un char de grenadiers, où il perd connaissance. Les mesures de réanimation ne servent plus à rien, l'homme de 35 ans meurt trois heures après l'explosion, selon Jérôme.

«Je ne trouve pas de travail»

Jérôme raconte à «Rundschau» qu'il en a eu assez de la guerre peu de temps après. «Nous avons passé la nuit sur le front, dans un village. On entendait des drones lâcher des grenades. Ça reste dans la tête.»

Il repart en Suisse. Il y reste quelques mois. Mais entre-temps, même s'il est punissable selon la loi suisse, il est reparti en Ukraine et tente actuellement de rejoindre une unité. Sa motivation? «Je reviens parce que je veux faire quelque chose de ma vie. Je ne trouve pas de travail. Chez moi, je m'ennuie.»

Il déconseille pourtant aux autres de faire comme lui, comme il le dit dans le reportage de «Rundschau». «C'est un carnage. On côtoie tous les jours la mort.»


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