L’affaire des chars suisses de Ruag fait les gros titres depuis des mois. Et cela n’est pas prêt de s'arrêter!
Rappel des faits: le groupe d’armement suisse, dont le seul actionnaire est la Confédération, souhaitait revendre 96 chars Leopard 1 inutilisés et stockés en Italie à l’entreprise allemande Rheinmetall qui comptait, à son tour, les envoyer en Ukraine. Finalement, le Conseil fédéral a mis son veto.
Puis, c’est la société allemande «Global Logistics Support GmbH» (GLS) qui s’est manifestée. Elle a soudain revendiqué 25 chars qui lui auraient déjà été vendus en… 2019. Ruag n’est pour l’instant pas en mesure de confirmer ou d’infirmer cette revendication.
En parallèle, un ancien cadre de Ruag est dans le collimateur des procureurs allemands. L’entreprise suisse ainsi que le Département de la défense tentent maintenant de faire la lumière sur cette affaire. Ils ont annoncé des enquêtes. En bref, c’est la confusion.
L’Italie soulève aussi des interrogations
Maintenant que le cadre est posé (du moins ce que l’on en sait), passons au dernier chapitre qui vient de s’ajouter à ce dossier. L’Italie a décidé à son tour d’entrer dans la danse. La raison: Ruag n’aurait jamais demandé l’autorisation pour la vente et l’exportation des 96 chars de combat stockés sur le sol italien. C’est la conclusion à laquelle est parvenue l’organisation non gouvernementale Opal, spécialisée dans la politique de sécurité, après avoir analysé des documents officiels du gouvernement italien, rapportent les journaux de CH Media.
Selon Opal, cette autorisation aurait pourtant été obligatoire selon la loi italienne. L’agence d’armement Aid, à laquelle Ruag avait acheté les chars, aurait dû la demander à l’autorité compétente, l’Uama. Or, aucune trace d’une telle autorisation n’a été retrouvée dans les listes annuelles de l’Uama. Opal a demandé au parlement italien de clarifier les faits.
Ruag estime que l’autorisation n’était pas nécessaire
Selon Opal, Ruag avait déjà prévu en 2016 de «vendre les chars à l’armée brésilienne», mais sans avoir demandé l’autorisation à l’Italie. Finalement, la transaction n’avait pas eu lieu.
Ruag avance ne pas avoir reçu l’information selon laquelle des autorisations étaient nécessaires. Selon un porte-parole, elle n’a jusqu’à présent pas demandé d’autorisation en Italie, «car la transaction a été interdite par le Conseil fédéral». Par ailleurs, il ajoute qu’une autorisation d’exportation italienne ne serait même pas nécessaire, car Ruag n’est pas enregistrée en Italie.
Ce dernier point ne semble pas mettre tout le monde d’accord. Tout comme de nombreux autres points dans ce dossier d’ailleurs.