Chargé d'une «ogive hypersonique»
Un nouveau missile nord-coréen à technologie avancée inquiète

La Corée du Nord a annoncé lundi avoir réussi la veille un tir de missile balistique de portée intermédiaire à combustible solide, confirmant une information donnée la veille par la Corée du Sud. Selon Pyongyang, l'engin était équipé d'une ogive hypersonique.
Publié: 15.01.2024 à 06:25 heures
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Dernière mise à jour: 15.01.2024 à 06:26 heures
Selon Pyongyang, le missile était équipé d'une ogive hypersonique.
Photo: Ahn Young-joon

La Corée du Nord a annoncé lundi avoir réussi à tirer un nouveau type de missile balistique équipé d'une ogive hypersonique manoeuvrable, une nouvelle avancée technologique en matière d'armement.

Ce tir, le premier d'un missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (IRBM) à combustible solide par Pyongyang, a été détecté par l'armée sud-coréenne dimanche après-midi. Ce missile à combustible solide était «chargé d'une ogive hypersonique et manoeuvrable», selon l'agence de presse d'Etat nord-coréenne KCNA.

L'essai était destiné à «vérifier les capacités de vol plané et de maniabilité» ainsi que «la fiabilité du nouveau moteur à combustible solide à poussée élevée et à étages multiples nouvellement développés», a expliqué KCNA. L'agence a affirmé que ce lancement, le premier rapporté par Pyongyang depuis le début de l'année, «n'a jamais affecté la sécurité d'un pays voisin et n'a rien à voir avec la situation régionale». Cet essai intervient sur fond d'inquiétudes autour d'un durcissement de la position de Pyongyang.

La Corée du Sud, le «principal ennemi»

La semaine dernière, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a décrit la Corée du Sud comme le «principal ennemi» du pays qu'il n'hésiterait pas à «anéantir». Le ministère sud-coréen de la Défense a condamné ce lancement et affirmé qu'il entraînera une «réponse écrasante» en cas de «provocation directe» de Pyongyang.

«Ce comportement de la Corée du Nord est une provocation claire qui viole les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisant l'utilisation de la technologie des missiles balistiques, nous lançons une mise en garde sévère et demandons instamment à la Corée du Nord d'arrêter immédiatement», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Les missiles à combustible solide sont plus faciles à dissimuler et plus rapides à lancer tandis que les missiles hypersoniques peuvent en général être manoeuvrés en vol, afin de mieux atteindre les cibles.

Ces deux technologies figurent depuis longtemps sur la liste des technologies d'armement que souhaite posséder Kim. «La Corée du Nord semble poursuivre simultanément le développement de missiles hypersoniques et de missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) utilisant des propulseurs à carburant solide», a affirmé Chang Young-keun, expert en missiles à l'Institut coréen de recherche sur la stratégie nationale.

Pénétrer les défenses antimissiles

«Les missiles hypersoniques de moyenne ou longue portée seront particulièrement utiles pour frapper Guam tout en échappant au système de défense antimissile américain», a-t-il ajouté, en référence à l'île du Pacifique où les Etats-Unis abritent une importante base militaire.

Mi-décembre, le dirigeant nord-coréen avait supervisé le tir d'un Hwasong-18, missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide, tiré dans la mer du Japon. KCNA a publié lundi une seule photo du lancement du missile pour accompagner l'information sans mentionner la présence de M. Kim à cette occasion.

Ankit Panda, un analyste basé aux Etats-Unis, a déclaré au site spécialisé NK News que l'image suggérait que le missile était doté d'un «véhicule de rentrée manoeuvrable (MaRV)», c'est-à-dire dont l'ogive est capable de suivre des cibles au sol. Pyongyang tente de mettre au point des armes plus précises et capables de «mieux pénétrer les défenses antimissiles», a-t-il ajouté.

Guerre imminente

Le tir de dimanche intervient après des exercices d'artillerie par la Corée du Nord début janvier avec des munitions réelles sur sa côte occidentale, près d'îles sud-coréennes dont la population civile a été appelée à se mettre à l'abri. Les relations entre les deux Corées sont actuellement au plus bas depuis des décennies.

Fin décembre, Kim a ordonné l'accélération des préparatifs militaires en vue d'une «guerre» pouvant «être déclenchée à tout moment». Il a dénoncé une «situation de crise persistante et incontrôlable», selon lui déclenchée par Séoul et Washington avec leurs exercices militaires conjoints dans la région.

Pyongyang a réussi l'année dernière à mettre en orbite un satellite espion, après avoir reçu, selon la Corée du Sud, une aide technologique russe, en échange de livraisons d'armes pour la guerre que mène Moscou en Ukraine.

La Russie, allié de longue date

La Russie et la Corée du Nord, alliés de longue date, affichent un rapprochement depuis le voyage du dirigeant nord-coréen dans l'Extrême-Orient russe en septembre 2023 pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine. KCNA a indiqué que le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Choe Son Hui se rendrait en Russie cette semaine, à l'invitation de son homologue russe Sergueï Lavrov.

L'an dernier, la Corée du Nord a également inscrit son statut de puissance nucléaire dans sa Constitution et tiré plusieurs missiles balistiques intercontinentaux, en violation des résolutions de l'ONU. 

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté de nombreuses résolutions appelant la Corée du Nord à mettre un terme à ses programmes nucléaire et balistique depuis que Pyongyang a effectué son premier essai nucléaire en 2006.

(AFP)

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