Le plus fidèle propagandiste de Vladimir Poutine lui tournerait-il le dos? Jusqu’à présent, Vladimir Soloviev a manipulé avec habileté le discours officiel sur la guerre en Ukraine. Mais son ton a changé. En colère, il accuse désormais les plus hauts responsables d’avoir menti éhontément, avec des conséquences fatales pour la Russie.
C’est lors d’une émission à la télévision russe qu’il a proféré ses propos critiques. Il a d’abord abordé la situation sur le terrain en Ukraine: la zone au sud de Kherson est âprement disputée par les deux camps. Par ailleurs, le général en chef Sergueï Sourovikine a laissé entendre que ses troupes se retireraient. Le propagandiste a souligné à nouveau que la Russie était «en guerre sainte contre l’Occident sataniste».
Jusque-là, son discours semblait s’aligner à la ligne du Kremlin. Mais soudain, il s’anime et se met en colère face aux caméras: «Les salauds ont menti!, enrage-t-il dans le microphone. Ils nous ont menti du début à la fin! Sur la quantité de matériel qui se trouve dans nos dépôts. Sur l’état de notre équipement. Sur le nombre de soldats présents sur le front. Sur le nombre de morts.»
«Les combats seront ardus et douloureux»
Vladimir Soloviev ne précise pas qui sont les personnes qu’il accuse. L’hypothèse la plus plausible: il s’agirait du haut commandement russe et de la sphère politique.
Ces mensonges auront des conséquences catastrophiques pour la Russie, assène le propagandiste, écumant de colère: «Désormais, tout le pays doit s’élever et prendre part à la guerre.» Il avance que sa nation ne se bat pas contre un pays, l’Ukraine, mais plutôt contre le «méchant Occident». «Les combats qui vont survenir seront ardus et douloureux», prédit-il. Selon lui, la Russie n’a pas d’autre choix que de continuer «car sinon, nous cesserons d’exister. Il n’y aura plus de culture russe, plus de langue russe, et plus de Russes.»
Une stratégie de communication?
Si les accusations qu’il assène semblent critiques envers le gouvernement, il s’agirait avant tout d’une stratégie pour regagner la confiance du peuple russe en rejetant les échecs de la guerre sur quelques personnes, et non sur le Kremlin.
«Nous nous battons contre le bloc de l’OTAN, dont la puissance militaire et industrielle est très différente de ce que nous pensions, souligne Vladimir Soloviev. Afin de nous préparer, nous effectuons des exercices avec nos armes nucléaires stratégiques.» Selon lui, ces armes représentent le dernier atout de la Russie.