Le spectre d’une crise énergétique plane sur l’Europe à l’approche de l’hiver. Si Vladimir Poutine ferme définitivement le robinet de gaz, il faut s’attendre à un manque de ressources dans une Europe fortement dépendante du gaz russe. Les conséquences redoutées: des foyers froids pour les citoyens et des chaînes de production paralysées pour les entreprises.
La situation est-elle toutefois critique à ce point? Un coup d’œil aux différents pays européens permet de se rendre compte que les premiers signes de sortie de crise sont là. Alors que la plupart des gouvernements estimaient encore à la fin de l’été que la situation était extrêmement grave, ils ont entre-temps agi pour limiter la casse.
Importations de gaz de Norvège
La France est un exemple parlant. Ces derniers mois, le gouvernement y a fait tout ce qui était en son pouvoir pour remplir les réservoirs de gaz. D’après les autorités compétentes, ils sont remplis à 99%, rapporte le «Tages-Anzeiger». Les deux tiers des particuliers et des PME peuvent ainsi être approvisionnés. Les Français veulent combler le déficit existant par des livraisons de gaz naturel liquéfié d’outre-mer et des importations de Norvège.
L’Allemagne est légèrement à la traîne. Le ministre de l’Economie, Robert Habeck, souhaite que 95% de toutes les capacités de gaz soient remplies d’ici fin octobre. Actuellement, le taux de remplissage est de 93%.
Chez nos voisins du nord, on ne veut toutefois pas encore lever l’alerte. Klaus Müller, président de l’Agence fédérale des réseaux, a récemment déclaré: «La consommation de gaz a également trop fortement augmenté la semaine dernière.» En cause potentielle: le temps frais pour la saison.
La dépendance au gaz russe diminue
Les réservoirs de gaz pleins en France devraient aussi permettre à la Suisse de respirer. «Je peux confirmer que ces derniers temps, davantage de gaz est livré en Suisse depuis la France que depuis l’Allemagne», déclare un porte-parole de l’Association suisse de l’industrie gazière cité par le «Tages-Anzeiger».
Cette situation est avantageuse pour notre pays, pour plusieurs raisons. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’industrie gazière locale tente de réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe. Celui-ci est le plus souvent acheminé en Suisse via l’Allemagne, qui elle-même le reçoit principalement via les gazoducs Nord Stream, actuellement paralysés.
De plus, le prix du gaz français est en baisse depuis un certain temps. Fin août, il avait atteint un niveau record de plus de 300 francs par mégawattheure. Depuis, il est redescendu à 92 francs. Si la Suisse peut couvrir une grande partie de ses besoins avec du gaz provenant de France, cela pourrait avoir un effet positif sur les prix de l’énergie dans notre pays en les revoyant à la baisse.
En clair: il est encore trop tôt pour crier victoire et célébrer la sortie de la crise énergétique. Mais c'est bien de la lumière qu'on aperçoit là-bas, au bout du tunnel.