Les étudiants pro-palestiniens s'indignent
Comment les universités suisses collaborent-elles avec Israël?

Les occupants pro-palestiniens exigent une rupture des relations de recherche avec Israël. En Suisse, ce sont surtout les étudiants en échange qui seraient concernés.
Publié: 16.05.2024 à 06:04 heures
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La semaine dernière, des étudiants ont occupé l'université de Genève.
Photo: AFP
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Daniel Faulhaber

Après Lausanne, Zurich et Genève, des manifestants pro-palestiniens ont également occupé une partie des universités de Bâle, Berne et Fribourg. Ils ont notamment exigé la suspension de la collaboration avec les universités et institutions israéliennes jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu durable soit atteint.

En effet, les universités suisses occupées entretiennent une série de coopérations avec des institutions de recherche en Israël. Elles peuvent en partie être consultées publiquement. Il s'agit par exemple de programmes d'échange pour les étudiants et les doctorants ainsi que de partenariats avec des universités dans le domaine des sciences sociales, du droit ou de l'économie, mais aussi dans des disciplines techniques.

Exemples de coopération

Interrogée, l'Université de Fribourg a répondu qu'elle n'avait pas de coopération institutionnelle en matière de recherche avec Israël. Mais l'université entretient deux coopérations de recherche avec la Hebrew University of Jerusalem: l'une concerne un projet en biologie végétale, l'autre étudie «les liens entre l'audition et la vision», explique la porte-parole Farida Khali.

Comme Fribourg, l'Université de Bâle coopère avec l'Université hébraïque de Jérusalem ainsi qu'avec l'Université de Tel Aviv. Là aussi, il s'agit en premier lieu de programmes d'échange pour les étudiants, explique le porte-parole Matthias Geering. Un projet en cours en sciences sociales porte sur les «réalités divergentes» en Cisjordanie occupée entre 1993 et 2021.

L'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) entretient toute une série de coopérations. Elle comprend entre autres des relations avec le Tel Aviv Medical Center ou l'Israel Institute of Technology. Il s'agit le plus souvent de projets européens, «auxquels participent quelques représentants de l'EPFL et d'universités israéliennes, mais aussi de nombreux autres participants d'autres pays», explique le porte-parole Emmanuel Barraud.

Que signifient donc les demandes de boycott à la lumière de ces liens?

La rupture de la coopération n'est pas à l'ordre du jour

La revendication de l'occupation pro-palestinienne de l'université ne vise pas tant que cela des projets de recherche individuels, explique Andreas, un porte-parole du mouvement étudiant bâlois. «Israël ressemble globalement à un Etat d'apartheid, dont les centres de recherche coopèrent en partie avec l'armée. C'est ce que nous critiquons. Nous ne voulons pas faire partie d'une institution dont le partenaire soutient Israël, la puissance occupante.»

Matthias Geering, porte-parole de l'université de Bâle, estime que cette demande est trop globale. On est certes prêt à vérifier si l'Université de Bâle a vraiment une vue d'ensemble sur toutes ses relations avec les institutions israéliennes. Mais il est hors de question de mettre fin à ces coopérations. «La recherche universitaire ne vit que par l'échange de perspectives différentes, indépendamment de la nationalité des chercheurs. C'est ce que nous défendons, c'est ce que nous voulons défendre.»

Jusqu'à présent, peu de revendications envers la politique

Les manifestations d'étudiants critiques envers Israël se déroulent dans le sillage d'actions similaires aux Etats-Unis. Là-bas aussi, les occupants réclament des boycotts. Ils veulent en outre faire pression sur la position du président Joe Biden en matière de politique étrangère, qui soutient Israël. Jusqu'à présent, on n'avait guère entendu en Suisse de telles revendications adressées à la politique et dépassant la sphère d'influence des universités.

L'université de Genève a fait évacuer le campus mardi matin, l'université de Berne mercredi. L'EPFZ n'a pas non plus toléré de protestation. Plus de 100 chercheurs et enseignants de l'université de Berne ont demandé dans une lettre ouverte que les étudiants soient accueillis par le dialogue.

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