Les combats seront sanglants
Pour le chef du Pentagone, l'Ukraine est bien préparée à la contre-offensive

Le chef du Pentagone Lloyd Austin a expliqué les bases de la conduite de la guerre en Ukraine. Les alliés ont bien préparé les forces armées de Kiev à la grande contre-offensive face à la Russie. Mais il n'y a pas de place pour l'erreur et les combats seront âpres.
Publié: 09.06.2023 à 06:10 heures
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Dernière mise à jour: 09.06.2023 à 08:00 heures
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Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a récemment donné à Singapour des informations détaillées sur la grande offensive que l'Ukraine s'apprête à lancer contre les forces russes.
Photo: AFP
Daniel Kestenholz

Dans la contre-offensive qu'elle mène face aux forces russes, l'Ukraine doit franchir de nombreuses lignes de défense fortifiées. Devant les journalistes, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a expliqué comment les Etats-Unis soutiennent l'Ukraine dans cette tâche, en lui fournissant des équipements et une formation.

L'infanterie, les véhicules blindés, l'artillerie et les têtes pensantes à Kiev doivent agir de manière étroitement coordonnée sous les tirs russes afin de percer les tranchées, les barrages antichars et les autres défenses mises en place. Des efforts qui exigent une grande habileté et qui ne laissent aucune place à l'erreur.

La Russie doit défendre des centaines de kilomètres

Les Etats-Unis et d'autres pays auraient préparé l'Ukraine pendant des mois à cette contre-offensive. Des dizaines de milliers de troupes du pays auraient été formées et auraient reçu le matériel dont elles ont besoin pour réussir sur le front. Selon Llyod Austin, les défenses russes s'étendent sur des centaines de kilomètres, ce qui offre à l'Ukraine des points faibles potentiels qu'elle peut exploiter. «Quand on se défend sur un front aussi long, on ne peut pas être fort partout», explique l'Américain.

«Nous n'avons pas seulement fourni du matériel de haute qualité comme les véhicules de combat Bradley, les véhicules blindés de combat d'infanterie ou encore les Stryker, pour ne citer que quelques exemples. Nous avons également formé les troupes ukrainiennes à une série de manœuvres», déclarait Llyod Austin à Singapour début juin.

L'une de ces manœuvres est le franchissement d'obstacles complexes mis en place par les Russes. Le chef du Pentagone évoque une «ceinture d'obstacles». Il s'estime «confiant dans le fait que les troupes de niveau intermédiaire et inférieur savent ce qu'il faut faire pourles franchir avec succès».

Pour Llyod Austin, il s'agit des «bases de la guerre». Il avoue toutefois ne pas savoir si la reconnaissance sur le terrain s'est bien déroulée. La tâche des forces armées ukrainiennes est de déterminer «où l'adversaire est faible, où il y a des opportunités et comment exploiter ces dernières». L'homme on est convaincu: «Nous avons donné à l'Ukraine la possibilité de le faire. Nous verrons bien.»

Trouver les points faibles

Mais tout n'est pas évidemment pas si simple sur le front. «Il est très difficile d'attaquer des installations de défense bien préparées», rapporte à ce sujet l'AFP en citant le colonel américain à la retraite Mark Cancian du Center for Strategic and International Studies (CSIS). D'innombrables éléments sont nécessaires pour réussir une attaque, a-t-il ajouté. «Il faut une grande habileté pour rassembler les différentes armes», explique-t-il.

Il faut considérer qu'un bombardement d'artillerie doit opérer pendant des heures, voire des jours, pour perturber les défenses russes. Ensuite, un tir de suppression serait nécessaire pour empêcher les troupes de Moscou de réagir efficacement. Les démineurs devraient ensuite œuvrer sur les champs de mines pour permettre à d'autres troupes d'avancer. L'infanterie avancerait de son côté avec les forces blindées pour creuser les points faibles de l'ennemi. «L'objectif est de percer les défenses pour que les unités blindées puissent passer et manœuvrer librement», explique Mark Cancian.

Outre la formation, l'équipement fourni par les soutiens de Kiev est «absolument crucial», poursuit le colonel à la retraite. «Les véhicules blindés fourniront la puissance de feu pour percer les défenses russes, puis la mobilité nécessaire pour exploiter chaque percée.» D'autres équipements, comme des appareils de déminage et des explosifs, seraient également nécessaires.

Des défenses russes massives

Depuis dimanche, les forces ukrainiennes ont lancé une série d'attaques. Le politologue américain Charles Kupchan, du groupe de réflexion Council on Foreign Relations (CFR), parle d'«opérations de mise en forme» depuis des semaines. Des mouvements qui constituent la base d'une contre-offensive à grande échelle.

«L'Ukraine a essayé de frapper les dépôts et les lignes de ravitaillement russes dans les territoires occupés, y compris en Crimée et dans les zones proches de la frontière dans le sud de la Russie, a rapporté Charles Kupchan à l'AFP. Les Russes ont construit une série impressionnante de défenses dans le sud, y compris des tranchées antichars, suivies de barricades en béton connues sous le nom de 'dents de dragon', ainsi que des tranchées.»

Selon l'expert, l'Ukraine devra déployer une offensive soutenue et puissante pour percer cette «défense en profondeur» à plusieurs niveaux. Les forces armées de Kiev disposent de l'équipement et de l'entraînement nécessaires, mais la Russie est supérieure en nombre.

«Les combats seront probablement sanglants et se termineront peut-être par une impasse», a précisé Charles Kupchan. Il est fort probable qu'aucun vainqueur ne se dessine sur le champ de bataille.

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