«Construisez votre avenir en Allemagne!» C'est avec ces mots que le gouvernement allemand recrute depuis près d'un an des travailleurs qualifiés en provenance de Russie. L'objectif de la campagne est d'attirer dans le pays des Russes qui fuient leur pays à cause de la guerre – parce qu'ils ne veulent plus rien avoir à faire avec le régime russe, ou par peur d'être enrôlés dans l'armée.
Cette stratégie fait désormais aussi l'objet de discussions en Suisse. Si l'on en croit le conseiller national soleurois Felix Wettstein (Vert-e-s), la Suisse devrait recruter activement de jeunes spécialistes en provenance de Russie et renforcer ainsi la «fuite des cerveaux».
Des centaines de milliers de Russes – on parle parfois de plus d'un million de personnes – ont déjà quitté le pays depuis le début de la guerre. Parmi eux, il y aurait par exemple de nombreux spécialistes en informatique.
Des spécialistes recherchés d'urgence
En affaiblissant l'économie russe, on renforce l'économie locale, telle est l'idée. En effet, la Suisse est, elle aussi, à la recherche de personnel bien formé dans diverses branches.
Felix Wettstein veut d'abord sonder la Berne fédérale. Lors de l'heure des questions de lundi après-midi, il veut savoir ce que le Conseil fédéral pense de cette idée. Que peut faire la Suisse pour aider les professionnels russes à quitter le pays? Comment favoriser leur intégration professionnelle en Suisse?
Le Soleurois souhaiterait lancer une campagne qui s'adresse directement aux Russes. Ou faciliter l'accès des professionnels russes aux visas d'entrée. Selon la réponse du Conseil fédéral, Felix Wettstein se réserve le droit de déposer ensuite une intervention dans ce sens.
Les bourgeois sont contre
Chez les bourgeois, on ne croit pas à l'idée de Felix Wettstein. «Nos lois s'appliquent de la même manière à tous», déclare le conseiller national et vice-président du PLR Andri Silberschidt. Pour la Russie, comme pour tous les autres pays tiers, le système des contingents s'applique. Ce qui signifie que quelqu'un doit pouvoir prouver qu'il a un intérêt économique élevé à être embauché.
«Une inégalité de traitement en raison de l'origine serait discriminatoire pour les personnes originaires d'autres pays tiers», fait remarquer Andri Silberschmidt. Pour l'UDC également, aucune exception n'est envisageable. Et la conseillère nationale du centre Marianne Binder-Keller estime que «si nous privilégions explicitement et institutionnellement un certain groupe lors de l'admission, à savoir les personnes bien formées, nous nous engageons dans un domaine très délicat».
Felix Wettstein souligne quant à lui qu'il ne veut pas toucher au système des contingents. «Mais cela plaide à plus forte raison en faveur d'une facilitation de la voie pour les jeunes désireux de partir. Ils apportent justement les compétences professionnelles qui sont tant recherchées chez nous, par exemple dans l'informatique.»