Le choix des mots utilisés par le pouvoir russe au sujet de la fameuse «opération militaire spéciale» ne traduit plus une irrépressible volonté de vaincre. Au contraire: la Russie a toujours voulu négocier, mais la guerre s'est étendue, déplore le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov. Selon lui, l'Occident mène une «guerre commune contre la Russie».
Ainsi, le président russe reste ouvert à tout contact qui permettrait d'atteindre les objectifs de l'opération spéciale par des moyens pacifiques, a déclaré le porte-parole du Kremlin dans l'émission «Moscou. Le Kremlin. Poutine» sur la chaîne d'État Rossiya 1. Mais l'Occident bloquerait toute tentative de résolution émanant de Moscou. L'émission complète sera diffusée dimanche soir. L'intervieweur Pavel Sarubin a posté un extrait sur Telegram en avant-première. Le Kremlin n'a encore jamais communiqué de la sorte sur la situation déplorable en Ukraine.
Moscou préfèrerait négocier
«Le président Poutine a été, est et sera ouvert à tout contact visant à atteindre nos objectifs par d'autres moyens qu'une opération militaire spéciale», affirme Dmitri Peskov. La voie de la négociation serait même l'option privilégiée: «Si elle est possible, elle serait préférable.» Les chefs d'État occidentaux «devraient en être conscients».
Par cette «disposition» à la résolution pacifique du conflit, le porte-parole du Kremlin fait référence à un sommet sur la paix prévu avant la réunion de l'OTAN de la mi-juillet, dont Moscou est exclu. Dmitri Peskov a notamment mentionné le président français Emmanuel Macron, qui devrait être l'hôte du sommet sur la paix en Ukraine.
Un sommet sur la paix sans les Russes?
Selon un rapport du «Wall Street Journal», l'Ukraine et ses alliés prévoient d'organiser ce sommet à Paris. Cette rencontre s'adresse aux pays qui se sont rangés du côté de la Russie ou qui ont refusé de prendre position sur la guerre. À cette occasion, un plan de paix en dix points doit être remanié de manière à le rendre plus acceptable pour d'autres puissances mondiales comme l'Inde, le Brésil, l'Arabie saoudite et la Chine.
«Tout le monde sera le bienvenu, mais pas les Russes», déclare un diplomate européen de haut rang cité par le «Wall Street Journal» à propos de la planification du sommet.
Pendant ce temps, la Russie continue de se complaire dans le rôle de victime: «L'union des pays de l'Occident ne laissent aucune autre issue à la Russie, s'est lamenté Dmitri Peskov. Désormais, l'Ukraine est effectivement un instrument de conflit. L'affrontement a vraiment pris de l'ampleur, l'Occident mène une guerre commune contre notre pays.»
La grogne monte à l'intérieur des frontières
Cela ne fait aucun doute: le Kremlin avait imaginé le déroulement de l'opération militaire autrement. Ce retournement de situation a pour conséquence une montée des voix critiques dans le pays. Les troupes russes ne peuvent faire état d'aucun succès militaire face à la résistance des forces armées ukrainiennes, a déploré Konstantin Zatulin, éminent député du parti au pouvoir Russie unie, lors d'une conférence sur le thème «De quelle Ukraine avons-nous besoin?».
Le politicien russe a parlé d'échec et d'erreurs de la part de Moscou. Selon lui, cette «opération militaire spéciale» aurait dû être qualifiée de «guerre» dès le début. Ce n'était pas seulement une erreur d'appréciation de pouvoir gagner la guerre en quelques jours: aucun des objectifs de guerre fixés par le Kremlin n'a été atteint. Ni la démilitarisation, ni la neutralité, ni une meilleure protection des habitants du Donbass ne se sont concrétisées. «Sur lequel de ces points avons-nous obtenu un résultat?, a demandé Konstantin Zatulin. Pas sur un seul!»