Le lac de retenue du gigantesque barrage de Kakhovka contient plusieurs milliards de mètres cubes d'eau. Ceux-ci sont désormais une menace. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent comment des conséquentes quantités d'eau s'échappent du lac.
L'évacuation de la population est en cours – Kherson et 80 autres villages risquent d'être complètement inondés. Selon les autorités ukrainiennes, 16'000 personnes sont en danger de mort.
Ce n'est pas la première fois que le barrage de Kakhovka se retrouve au cœur de la guerre. En automne déjà, l'armée ukrainienne avait accusé la Russie de vouloir faire sauter le barrage. Blick fait le point sur la situation.
Que s'est-il passé?
Apparemment, des explosions ont eu lieu tôt le matin. L'Ukraine accuse la Russie d'avoir délibérément fait exploser le barrage. Le journaliste ukrainien Konstantin Ryzhenko écrit sur Telegram: «Selon des informations provisoires, les Russes ont ouvert toutes les vannes depuis le soir pour évacuer l'eau et augmenter le niveau du fleuve Dniepr.» Les dégâts sur le barrage sont considérables. Celui-ci est entièrement détruit et ne peut pas être remis en état, rapporte la société hydroélectrique Ukrhydroenergo.
Pendant ce temps, le Kremlin affirme que les tirs ukrainiens sont à l'origine des dommages. Les propagandistes russes ont une autre théorie: le barrage était tout simplement trop vieux. «Le barrage n'a pas pu résister aux dommages et à la pression de l'eau», écrit par exemple le propagandiste russe Youri Podoliaka.
Le service de presse russe Tass écrit quant à lui que 11 des 28 sections de la centrale hydroélectrique de Kakhovka ont été détruites et que 80 agglomérations pourraient être inondées.
Où se trouve le barrage de Kakhovka?
L'installation, qui a été construite en 1955, se trouve près de la région de Kherson, au sud de l'Ukraine. Le lac de retenue que tient le barrage est gigantesque. Le bassin de retenue mesure 240 kilomètres de long et a une capacité de 18,2 milliards de mètres cubes d'eau. De nombreuses localités sont situées le long du fleuve Dniepr. Celles-ci sont désormais menacées. La région concernée a été annexée par la Russie en septembre, mais la ville elle-même a pu être reconquise par l'Ukraine. Les villes situées au sud du Dniepr sont toutefois toujours contrôlées par la Russie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré à l'automne que le barrage avait été miné par des militaires russes.
Quelles sont les conséquences de l'explosion?
Le gouverneur militaire de la région, Oleksandr Prokudin, a averti que le niveau de l'eau pourrait atteindre une hauteur critique dans les cinq heures. «L'ampleur de la destruction, la vitesse et la quantité d'eau ainsi que les zones d'inondation probables sont en cours de détermination», a-t-il expliqué. En cas de rupture de barrage, des centaines de milliers de personnes vivant le long du fleuve Dniepr seraient en danger.
La centrale nucléaire de Zaporijia, qui fait l'objet d'un conflit, se trouve également à proximité de la digue. Elle pourrait aussi être gravement menacée en cas de raz de marée. En effet, une interruption de l'approvisionnement en eau dans le sud de l'Ukraine affecterait aussi le système de refroidissement de la centrale nucléaire. En cas de destruction du barrage, «le canal de Crimée du Nord disparaîtrait tout simplement», qui alimente en eau la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014.
Que risque-t-on maintenant?
Les habitants rapportent que l'eau monte peu à peu. Les premières maisons sont déjà sous l'eau. La population est évacuée par bus.
Mais l'eau s'écoule apparemment de manière régulière. En outre, la partie du barrage submergée par les eaux serait encore debout. Un méga raz de marée ne semble donc pas être à l'ordre du jour pour le moment. «Je ne sais pas ce qu'ils avaient vraiment l'intention de faire, mais l'impact était si fort que presque toute la centrale a été emportée, mais heureusement, il n'y a pas eu de tsunami et l'eau est descendue de manière régulière», a déclaré le journaliste Konstantin Ryzhenko.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a convoqué une réunion du conseil de sécurité nationale après le dynamitage, comme on l'a appris le matin même.
