Le plus important actionnaire, Harris Associates, et la BNS ont apporté leur soutien à l'opération. Peu après 15h30, la nominative Credit Suisse montait de 2,2% à 3,97 francs, après s'être effondrée de 18,6% jeudi soir en clôture. L'action reprenait nettement des couleurs - elle avait inscrit un plus bas historique à 3,518 francs le 3 octobre. Depuis le début de l'année, elle affiche cependant une sérieuse décote de 57,3%.
Jeudi, le numéro deux bancaire helvétique a dévoilé une perte nette de 4,03 milliards de francs au troisième trimestre, à comparer avec un bénéfice de 434 millions un an plus tôt. Il s'agit de la quatrième perte trimestrielle d'affilée pour l'établissement de la Paradeplatz. La contre-performance est largement pire que pronostiqué par les analystes, qui tablaient en moyenne sur un déficit 602 millions.
La perte s'explique par une provision de 3,7 milliards pour dépréciation relative aux actifs d'impôts différés et en lien avec le programme de restructuration en cours.
Effet dilutif difficile à évaluer
La banque a aussi subi d'importantes sorties de fonds, avec des reflux de 12,9 milliards de francs, après -7,7 milliards il y a un an. Le groupe a été confronté à des retraits de liquidités début octobre de la part de clients dans les divisions gestion de fortune et Swiss Bank.
Hormis sa performance trimestrielle, la direction a présenté une «restructuration radicale» de sa banque d'affaires et une réduction des coûts se soldant par 9000 emplois supprimés. L'établissement entend lever quelque 4 milliards de francs par l'émission de nouvelles actions, notamment auprès de la banque saoudienne Saudi National Bank qui s'est engagée à hauteur de 1,5 milliard ou 9,9% du capital-actions. Plusieurs analystes ont raboté leur objectif de cours après ces annonces, Kepler Cheuvreux passant notamment à 4,50 francs, contre 5 francs précédemment.
Pour JPMorgan, le titre a renoué avec son plancher autour de 4 francs. Selon les spécialistes de l'établissement américain, la restructuration de la banque d'affaires est relativement complexe et manque d'objectif clair concernant la génération de profits, ont-ils estimé dans une note. Mais plus important encore, l'augmentation de capital est «hautement dilutive», ont-ils ajouté. Cette opération devrait se traduire par une dilution de 28% du bénéfice par action, ce qui aurait pu être évité, selon JPMorgan.
Opération «drastique»
DZ Bank évoque quant à elle une augmentation de capital «drastique». Les détails de l'opération ne seront divulgués qu'ultérieurement, raison pour laquelle l'effet de dilution ne peut être qu'estimé. Mais, «au vu de la faiblesse du cours de l'action, il devrait être très important», a ajouté la banque dans une note.
Dans l'immédiat, Harris Associates, plus important actionnaire de Credit Suisse avec une part de 10,1%, a indiqué «accueillir favorablement l'approche agressive prise par CS (Credit Suisse) pour stabiliser et améliorer la performance de la banque d'affaires et du groupe dans son ensemble», selon les propos rapportés par l'agence Reuters.
Le vice-président de la Banque nationale suisse (BNS), Martin Schlegel, a pour sa part «accueilli favorablement» les mesures initiées par Credit Suisse, dans un entretien au journal Finanz und Wirtschaft. Ces mesures vont avoir pour effet une réduction des risques et un renforcement des fonds propres, a-t-il souligné.
(ATS)